La grippe A-H1N1 et la campagne de vaccination au Québec
1. Qu'est-ce que la grippe A-H1N1
Il s'agit d'une grippe causée par un virus nouveau et différent de celui de l'influenza (grippe saisonnière) habituelle que nous voyons chaque année. Il est possiblement plus contagieux mais ne semble pas pour l'instant causer de complications aussi sévères que celui d'autres pandémies survenues antérieurement (grippe Espagnole de 1917, grippe Asiatique de 1957, etc).
2. Pourquoi devrait-t-on se préoccuper de cette grippe?
En fait, comme cette grippe semble plus contagieuse, une plus grande proportion de la population sera possiblement affectée. Malgré le faible taux de complications importantes (moins de 1 %), le fait qu'une grande partie de la population pourrait être affectée risque d'augmenter de façon importante le nombre total de personnes ayant des complications. Par contre, le taux de mortalité demeure quand même assez faible comparativement aux autres pandémies survenues antérieurement.
3. Quels sont les symptômes de la grippe A-H1N1 ?
Ils sont les mêmes que ceux de l'influenza, soit : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, mal de gorge, toux sèche et fatigue. Les symptômes durent habituellement 7 à 10 jours. Une personne contaminée demeure contagieuse pendant environ une semaine. La grippe n'est pas la même chose qu'un simple rhume. Elle nous rend vraiment malade et incapable de fonctionner normalement. Aussi, un simple mal de gorge n'est pas une grippe. Pour poser un diagnostic de grippe, les symptômes mentionnés ci-haut doivent être pratiquement tous présents.
4. Devrait-on se faire vacciner ?
Évidemment, malgré les faibles risques associés à la vaccination, il est préférable d'être vacciné pour avoir une bonne protection contre ce virus. La vaccination apportera une protection d'environ 85 % à 90 % d'efficacité. Le virus actuel semble être plus agressif chez les personnes plus jeunes, surtout les moins de 50 ans. On croit qu'environ 50 % de la population née avant 1955 aurait une immunité partielle contre le virus H1N1. Ceci s'explique peut-être par le fait que ce virus ressemble énormément à celui de la grippe Espagnole de 1917, et que le virus de 1917 a circulé à bas bruit dans la population du Québec jusqu'au milieu des années 50. Les personnes ayant été exposées à ce virus auraient obtenu une immunité qui pourrait les protéger de la pandémie actuelle. Par contre, la grippe Asiatique de 1957 était causée par un virus H2N2 qui est différent du virus H1N1. Ceux ayant été infectés par ce virus ne sont donc pas immunisés pour la grippe actuelle.
5. Qu'en est-il des dangers du vaccin qui sera disponible au Québec?
Plusieurs informations circulent au sujet de ce vaccin. Plusieurs disent qu'il est risqué de le recevoir et plusieurs ont peur des complications reliées à la vaccination. La majorité des craintes de la population sont reliées au fait que le vaccin, qui sera distribué gratuitement au Québec, est produit avec un adjuvant (AS03), et plusieurs ont peur de cet adjuvant. L'adjuvant en question est composé de vitamine E, de squalène (un lipide produit naturellement dans l'organisme: un intermédiaire essentiel dans la fabrication du cholestérol et de la vitamine D) et de polysorbate 80 (un produit présent dans de nombreux vaccins et médicaments afin d'en conserver l'homogénéité). Cet adjuvant a déjà été utilisé et testé chez des dizaines de milliers de personnes et aucun problème de sécurité majeure n'a été identifié. L'AS03 présente des similitudes avec un autre adjuvant, le MF59, utilisé par la compagnie Novartis pour un vaccin influenza saisonnier, homologué et utilisé dans plusieurs pays au cours des dernières années, où plus de 40 millions de doses ont été administrées. Le vaccin qui sera utilisé au Canada est le même que celui qui a été autorisé et sera utilisé dans 27 pays de l'union Européenne. L'adjuvant augmente de beaucoup l'efficacité du vaccin et permet aussi de produire 4 fois plus de vaccins avec les mêmes fragments viraux. Vu le nombre de personnes à vacciner et la nécessité de produire un vaccin rapidement, l'adjuvant devient donc essentiel pour obtenir suffisamment de vaccin pour la population, et aussi pour produire un vaccin efficace (en recevant une seule dose). Cependant, l'ajout d'un adjuvant dans le vaccin risque de produire une réaction cutanée locale (rougeur, chaleur, douleur) un peu plus importante qu'avec un vaccin sans adjuvant. L'avantage de l'adjuvant est qu'il stimule davantage le système immunitaire à produire un plus grand nombre d'anticorps. Le taux d'efficacité du vaccin est triplé avec l'usage d'un adjuvant. La protection contre la grippe est donc meilleure. Les risques du vaccin qui sera utilisé au Québec semblent pour l'instant minimes, voir quasi inexistants si on se fie aux données recensées jusqu'à maintenant suite à l'utilisation de ce vaccin auprès d'autres populations.
6. Vous voulez en savoir plus ?
Il est important de bien se renseigner afin de prendre une décision éclairée au sujet de la vaccination. Je vous suggère les 2 sites Internet suivants qui sont très fiables, mis à jour régulièrement, et qui contiennent des données scientifiques reconnues:
Le site Internet québécois au www.pandemiequebec.ca
Le site Internet canadien au www.combattezlagrippe.ca
Dre Elisabeth Stumpf, md.