Manon pèse su'l' piton
En juillet dernier, Athanas Claveau et son épouse Marlène, tous deux nouvellement retraités, décident de réaliser un rêve : celui de faire l'acquisition d'une roulotte (fifth wheels), une magnifique Laredo vendue par le Géant de St-Ambroise. C'est un équipement très complet, très sophistiqué qui demande une certaine adaptation au début, ne serait-ce que pour les déplacements. À leur première sortie, le stationnement sur le terrain de camping et la mise en place des différents systèmes ont nécessité beaucoup de doigté et de logique. Mettre au niveau, faire les branchements, sortir la rallonge du salon (elle se déploie électriquement), installer l'auvent (il se déploie électriquement également) puis le stabiliser, etc.
Quant tout fut à peu près terminé, voilà que les voisins s'amènent avec un ciel soudainement devenu très noir. Un vent fort les pousse jusque chez nos amis qui venaient à peine de s'asseoir. «Vous feriez mieux d'enlever votre auvent sinon tout va arracher». Les bons samaritains mettent la main à la pâte et aident à enlever les haubans d'ancrage. Le vent devient de plus en plus menaçant. Pendant que les hommes s'agitent à l'extérieur, Marlène entre dans la roulotte pour actionner le mécanisme de rentrée de l'auvent. « Pèse sur le piton » lance Athanas un peu nerveux. Marlène pèse sur l'interrupteur. On entend un bruit de moteur, mais l'auvent ne bouge pas. «Essaye encore, vite! » Marlène récidive, mais le résultat se fait attendre. Athanas décide donc d'aller voir ce qui se passe. En entrant dans la roulotte, il voit Marlène avec les meubles du salon rendus dans son dos. Comme c'est derrière elle, elle n'a rien vu. Elle s'était trompée d'interrupteur et avait fait rentrer l'extension du salon plutôt que l'auvent. Faut dire que les 2 boutons sont voisins et qu'elle ne les avait jamais actionnés auparavant.
Quelque chose de loufoque se dégageait de cette situation plutôt embêtante pour une néophyte. Une cascade de rires provenant de l'extérieur s'était vite infiltrée par la fenêtre avec les bourrasques de vent. Comme quoi l'erreur aussi est un mode d'apprentissage et il n'y a parfois qu'un pas pour se mettre les pieds ou l'index dans les plats.