En février 2004, « la vie d'ici » annonçait une levée de fonds pour venir en aide au jeune comédien Michel Lavoie (fils de Suzette Villeneuve et de Carol Lavoie) qui, à peine âgé de 29 ans à l'époque, était terrassé par un cancer des ganglions lymphatiques. Bien que cette traversée du désert lui fut pénible et douloureuse à tous points de vue, elle le mena pourtant à une complète guérison et à une relecture de sa vie. L'appui de sa communauté d'origine, bien que modeste, aura sûrement ravivé l'espoir en des moments de grande souffrance et désarroi. Depuis Michel poursuit sa carrière de comédien en grande partie en Europe.
L'an dernier lors d'un séjour en Suisse, il présentait à Lausanne le spectacle «Morceau de peur», un texte qu'il interprète en solo, mais qu'il a coécrit et mis en scène avec son ami Julien Schmutz.
Voici le commentaire qu'en faisait, de Lausanne, Anne-Sylvie Sprenger.
Sous l'emprise de la maladie, le comédien canadien Michel Lavoie a créé un spectacle pour mieux affronter ses peurs. « Ce n'est pas un spectacle sur la mort, mais une célébration de la vie », lâche sans équivoque le comédien canadien Michel Lavoie. La mort, il l'a pourtant frôlée; un sale cancer des ganglions l'a contraint, il y a quelques années, à suivre une chimiothérapie et à côtoyer le fantôme de sa propre mort. C'est de cette proximité funèbre que naît le monologue bouleversant et poétique Morceau de peur, un spectacle qui rassure et qu'il joue lui-même, ces jours, au Théâtre 2.21 à Lausanne.
«Pendant ma chimiothérapie, j'avais une certaine facilité à avoir un bon moral, à sortir de cette réalité : je ne pensais pas mourir. Ce qui m'a profondément ébranlé, c'est de voir la peur que je meure dans les yeux des autres », explique avec sérénité le comédien, qui s'en est aujourd'hui sorti. Cette peur est devenue le point central de ce spectacle, qui interroge autant notre angoisse de mourir que nos craintes à vivre au quotidien.
Cette création, aussi sensible soit-elle, est une réelle mise à nu. Comment l'homme a-t-il réussi à négocier avec sa propre pudeur? « À un moment, je l'ai senti très fort, j'étais obligé d'être un lion et d'aller vers la vie. Et en tant qu'artiste, je me devais de créer à partir de cette chose. C'était mon rôle aussi en tant que citoyen: il fallait faire de cette histoire quelque chose de beau.»
Une revanche universelle
Théâtre
«Morceau de peur»
«Le cancer m'a fait devenir un homme»
En y ajoutant l'humour et la poésie, en compagnie de son ami complice et metteur en scène, Julien Schmutz, Michel Lavoie prend une sacrée revanche sur la maladie. Une revanche quasi universelle, tant cette création résonne en chacun de nous. «Pour ne pas tomber dans l'apitoiement, il a fallu prendre de la distance par rapport à ma propre histoire, chercher ce qui permettrait de créer un lien avec chaque personne du public.»
Et lui, où en est-il personnellement aujourd'hui? «Le cancer m'a fait devenir un homme, conclut le Canadien. Il m'a permis de mettre mes idées au clair. Je suis maintenant où je veux aller dans mes choix d'homme. Ça m'a assis. Mais je l'avoue : je n'aurais jamais pu jouer ce spectacle pendant que je pensais encore mourir. »
Michel, qui est de retour au Québec, présentera «Morceau de peur» au Théâtre La Rubrique (4160 du Vieux Pont) à Jonquière les 15 et 16 avril prochains à 20h. Le prix des places est à 22$ dont 5$ iront à la fondation canadienne du Cancer.
Réservation: 418 542-5521
Il convie donc tous les gens de Shipshaw à cette inspirante et touchante représentation sur un parcours extraordinairement singulier, mais qui nous amène ailleurs au fond de
nous.
Denys Claveau