Le courant ne passe plus...
Qui d'entre nous n'a pas connu la détestable sensation de «prendre le courant». C'est une expérience intense, choquante, détestable. Certains, plus rares heureuse-ment, y ont perdu la vie. Quand on s'est fait «pincer» à quelques reprises, on reste très méfiant, sinon craintif, lors de réparations imposées par un ou l'autre des nombreux appareils électriques dont sont remplies nos maisons. Je me rappelle encore de cette fois où mon frère s'était improvisé réparateur de sécheuse à linge. Nous restions à St-Jean-Vianney à l'époque et je devais avoir 16 ou 17 ans. J'étais à ses côtés sans aucune appréhension, puisque c'est lui qui manipulait les fils. À un moment il a reçu un puissant choc électrique et, dans un mouvement réflexe du bras, il m'a touché au visage en même temps. J'ai alors reçu en pleine figure l'équivalent d'un direct du boxer Lucian Bute. À moitié knock-out, j'ai vu plusieurs chandelles comme on dit. Mais il faut dire que, quand un accessoire aussi important dans la vie courante qu'un poêle électrique nous fait faux bond, notre première idée est de trouver le problème. C'est ce qu'a fait dernièrement Pierre Martel de la route Mathias. Le four, pas plus qu'aucun des « ronds », ne fonctionnait. Il s'agit ici d'une cuisinière électrique standard adossée au mur.
Les premières vérifications ne sont habituellement pas très dangereuses : disjoncteur, puis fusibles, puis branchement. Quand tous ces éléments sont fonctionnels, le «trouble» est ailleurs. C'est là que peuvent se produire des flammèches pour les néophytes. Mais, prudent, Pierre décide d'aller s'acheter un voltmètre pour détecter, à moindre risque, les fils qui sont « vivants » (sous tension). Ainsi équipé, notre réparateur ouvre la «tête» du poêle et demande à son épouse Pauline Gravel de bien vouloir l'aider. Celle-ci a une peur presque panique de subir un choc électrique. Pourquoi? Il faudrait peut-être le demander à ses frères Yvan, Ghislain et Jean-Louis. Pauline accepte malgré tout d'aider son mari mais vraiment dans un état de nervosité et de tension extrême. Pierre lui confie le voltmètre qu'elle doit tenir en position fixe sur 2 fils électriques pendant que lui fait des manœuvres. Pauline a les yeux rivés sur l'instrument, entièrement occupée à éviter que ses tremblements intérieurs ne s'extériorisent. Le silence est lourd. Soudain elle entend un «tchitt» typique d'un court-circuit. Elle pousse un cri, ses nerfs se relâchent, le voltmètre s'envole vers le plafond puis se fracasse par terre tandis que son poing part tel une détente à ressort et file vers le nez de son conjoint en train de rigoler.
Miraculeusement il s'arrête à deux centimètres de sa cible. Pierre qui était l'auteur du «tchitt» avait commencé à blêmir et son sourire s'était figé net pour brusquement revenir par vagues successives, incontrôlable. Pendant ce temps, Pauline qui venait de friser la crise cardiaque, reprenait lentement ses couleurs en pensant que le courant ne passait plus très bien entre eux quand il lui faisait péter une «fuse» (fusible). Quant au poêle Pierre a fini par trouver le «trouble» après avoir « semé le trouble ».