Le 22 décembre 2024
Volume 42, Numéro 10
Ça me tente pu
Saviez-vous Que...

Ça me tente pu

Comme plusieurs l'ont constaté, Claire Duchesne (présidente de La Vie d'Ici) et son conjoint Richard Jean ne demeurent plus à Shipshaw. Ils ont une nouvelle et spacieuse demeure à Jonquière dans un quartier tout neuf lui  aussi. Ils se sont payé la traite comme on dit. C'est sans doute parce qu'ils s'ennuyaient de Shipshaw et de leur ancienne maison qu'ils ont décidé, au début d'août, de faire du camping sauvage pour la 1ère  fois de leur vie. Une sorte de retour aux sources quoi!

Après avoir emprunté la tente de sa sœur, Claire, accompagnée de son conjoint et de son fils Alexandre, met le cap sur l'aventure sauvage au camping du Village des Sports à Québec.

Tout se passa relativement bien tant qu'ils furent sur de l'asphalte. Parvenus à leur terrain dans le boisé, les choses se compliquèrent puisqu'ils n'avaient jamais érigé une tente de leur vie. C'est donc plein de bonne volonté qu'ils s'attaquèrent à la mise en place de cet objet très simple qu'est une petite maison de toile. Une demi-heure après le début des travaux, Claire suait par tous ses pores, à l'intérieur de la tente qu'elle tentait tant bien que mal de maintenir en état d'érection temporaire. À l'extérieur, côté tuyauterie, Richard et Sébastien (un autre fils tout aussi inexpérimenté) essayaient de se dépatouiller à travers l'enchevêtrement extraordinaire des différentes longueurs et grosseurs de tuyaux. Sans expérience et sans plan on semblait tourner en ovale jusqu'à ce qu'arrive le beau-frère Luc Pilon qui tentait sur le terrain adjacent. Voyant Claire bien  droite comme un poteau central dans une tente toute croche, il ne put s'empêcher d'apporter sa modeste contribution pour des fins humanitaires. D'abord il constate que nos néophytes ont monté la tente et la toile de toiture en même temps, ce qui crée un inextricable cahot. Qui plus est, malgré l'abondance étonnante de tuyaux, force fut de constater qu'il en manquait. On fit donc le tour des voisins pour leur emprunter des poteaux de tente, ce qui équivaut à peu près à vendre son cheval pour lui acheter de l'avoine. Après 2 bonnes heures à vivre à la manière des sans abris, Claire put enfin s'asseoir sur une chaise branlante sur terre battue. Ne  manquait plus que l'arrivée impromptue d'une crevette pour une déchéance complète (Claire y est hyper allergique).  Avant la noirceur et pour éviter de s'enfarger dans les nombreux haubans, la famille Jean rendit une petite visite à la belle-sœur Renée, tentée à côté. Alexandre constata d'abord avec une surprise mal retenue qu'il y avait un bon gros tapis épais comme planchers de tente, ce qui tranchait fortement avec la nudité de la leur.

«C'est pas grave, on est en vacances, en camping plus sauvage que les autres, mais demain on va s'éclater au village des sports,» de dire Alexandre à sa mère qui avait déjà acheté les billets d'entrée, fort dispendieux au demeurant.

Après s'être payé quelques petits «drinks» réchauffants et une pinte de bon sang, nos amis durent se résoudre à retourner dans le bas Canada. Par contre une fois bien ensachés dans leurs sacs de couchage et après avoir subi l'inévitable morsure d'insectes bruyants mais invisibles, il leur apparu agréable d'être ensemble dans pareil dénuement. Juste au moment où le silence arrivait à sa 2ième minute consécutive, voilà qu'un bruit de moteur traverse l'épais mur de leur tente en provenance de chez Renée. «Ça peut bien être propre de l'autre bord, il passe l'aspirateur avant de se coucher» lance un Alexandre désabusé. «Ils sont plutôt en train de souffler leur matelas» rectifie Richard entre 2 montées de rire. Pendant ce temps Claire se bidonne des élucubrations surréalistes de ses compa-gnons.

Le lendemain matin, «p'tit déj.» concocté par Richard qui a tout prévu: poêle au butane, bacon, œufs, mais qui a malheureusement oublié le poêlon à la maison. Pour la suite de la journée il faisait si froid (seule journée froide de l'été) que l'idée même de se dévêtir pour faire les glissades d'eau leur faisait claquer des dents.

Conclusion: il arrive parfois que plus moins tu pédales, moins plus t'avances.