Faire son entrée
Quand on reste depuis peu sur la rue des Camélias à Jonquière dans une maison toute neuve, dans un quartier tout neuf lui aussi et de surcroît huppé, les gestes des nouveaux voisins sont scrutés à la loupe surtout quand il fait beau et que tout le monde est dehors.
Cette fin d'après-midi-là, Richard Jean s'apprêtait à stationner de reculons son vieux pick-up. Le mot vieux ici constitue un euphémisme, car son camion, percé par la rouille au point d'avoir perdu le 1/3 de son poids, est une vraie guimbarde, un taudis finalement. Pour finir l'affaire, une palette de pavés pour la finition de l'entrée prend beaucoup de place dans celle-ci.
Notre ami Richard, un peu gêné de s'afficher dans son « épave » et conscient que tous les regards convergent vers sa manœuvre, n'entend pas les cris de son épouse Claire: «Arrête Richard! Wow! Soudain: bang! Le pick-up heurte lourdement les pavés et le panneau arrière prend la forme de la palette. Pendant que les gens applaudissent, Richard interloqué, descend du véhicule et regarde la rouille qui tombe dans l'entrée comme si c'était du sable. Le camion a perdu 3 ou 4 livres dans l'opération. Le seul avantage: ça coûte un peu moins cher d'essence.
Pour la Cadillac flambant neuve qui trône dans le garage, Claire n'a qu'une clé qu'elle cache dans son coffre-fort dont le numéro est inconnu à Richard.
Le 26 décembre 2024
Volume 42, Numéro 10