Dans les patates?

Comme bien d'autres chanceux, Vincent Perron jouit… d'une retraite paraît-il bien méritée. S'il semble parfois un peu dans les patates, c'est sûrement dû à une déformation professionnelle puisqu'il exerçait le métier de cuisinier. Il faut dire aussi qu'étant un petit comique naturel qui aime bien la rigolade, il n'en manque pas une.

C'est ainsi que, l'automne dernier, au moment du rush chez les producteurs de pommes de terre, notre ami Vincent, n'écoutant que son grand cœur, se rendit disponible pour donner un coup de main pour la récolte du tubercule. Une offre que ses amis de St-Ambroise, affectés au ramassage de grandes superficies de patates, acceptèrent sans trop de difficulté. Gonflé à bloc, enthousiaste et sûr de lui, Vincent se disait que de ramasser les patates ne devait pas être plus compliqué que de les cuisiner.

Comme vider un champ de patates implique de la grosse machinerie, il faut beaucoup de planification, du savoir-faire et de la cohésion. Pour éviter de trop lui compliquer la vie et en même temps pour voir s'il était vraiment bon, on lui confia un camion spécial. Il devait simplement aller au champ, prendre le rythme très lent de l'arrache-patates, et aller vider son voyage dans l'entrepôt une fois la benne remplie. À son premier voyage, on constate qu'il faisait très bien les choses sauf qu'après une demi-heure de travail, une petite boucane blanche commença à monter le long de la boîte du camion. Ça sentait un peu le chauffé au début, mais le phénomène empira au point que le conducteur de l'arracheuse se mit à craindre pour le feu, d'autant qu'à certains moments il perdait le camion de vue dans l'épaisse fumée. Vincent qui ne s'était aperçu de rien sursauta quand on lui fit signe d'arrêter d'urgence. Après vérification on se rendit compte que notre conducteur n'avait pas enlevé le freinage automatique dont est muni le camion et que les freins surchauffaient à un point tel qu'ils étaient presque en feu. Vincent, toujours un peu distrait, mais vite sur le piton pour lancer une niaiserie, déclara qu'au pire il aurait livré des patates au four, un produit à valeur ajouté.

Le lendemain de cette mésaventure qui aurait pu mener à la plus grosse quantité de patates en purée de l'histoire, notre cuisinier apprenti-aide-récolteur de patates fit ressortir un autre trait de sa personnalité : son absence totale du sens de l'orientation. Comme les surfaces à récolter sont morcelées en plusieurs champs à quelque distance les uns des autres, les employés venaient de terminer un champ et attendaient Vincent et son camion dans le champ voisin. À un moment donné notre ami se pointe au volant du camion et passe tout droit sans voir ses amis qui lui faisaient signe et sans apercevoir l'énorme arracheuse. Il revient 10 minutes plus tard après de vaines recherches dans les champs ultérieurs. La raison de cet aveuglement pourrait prendre sa source dans le fait que notre ami aime bien grignoter. Sa concentration fut probablement affectée par le déballage d'une barre de chocolat. Pour régler le problème on lui a donné une boîte de gorlots (petites patates fraîches dans leur pelure) à bouffer tels quels.

Après une semaine d'apprentissage, Vincent avait enfin compris la recette d'une bonne récolte. Un compagnon lui remit donc le trophée de Mr Patate remis au cuistot méritant. Étrangement, comme la photo en fait foi, la patate ressemble à s'y méprendre à notre ami. On me dit que ce n'est pas le fruit du hasard mais plutôt le légume du hasard.  Allez savoir!

Pour de plus amples détails, consultez ses amis du garage chez Gilles Brassard.