Le 24 novembre 2024
Volume 42, Numéro 9
La Shipshaw abreuvera bientôt lamgold et la mine Niobec
L'avis d'ici

La Shipshaw abreuvera bientôt lamgold et la mine Niobec

Cet été je me promenais en kayak sur notre magnifique rivière Shipshaw, m'étonnant, avec Michel Lavoie mon compagnon d'avirons, de ses rives ombragées, de sa beauté sombre et de sa force. Je me disais, qu'en plus de nous offrir son dos pour naviguer, elle nous donnait son eau pour faire tourner les groupes turbo alternateur des centrales hydroélectriques d'Abitibi-Bowater. Ce faisant elle travaillait sans arrêt au meilleur intérêt de notre secteur et de notre région. Sujet d'autant plus d'actualité que le bail de la Shipshaw arrivera à échéance en décembre prochain. Les enjeux sont donc très élevés.

Dans le passé, notre travailleuse a été un chemin de drave pour le bois de la papeterie de Kénogami. Ses entrailles sont encore tapissées de billes de bois. Dans un futur très rapproché, elle donnera un peu de son eau à la mine Niobec de St-Honoré.

En effet, depuis plusieurs semaines déjà, de lourds camions à benne (jusqu'à 40 tonnes), des pelles, des bulldozers s'activent, sur les bords de la rivière Shipshaw, à la mise en place d'une conduite d'un diamètre de 18 pouces dont la prise d'eau sera située au milieu de la rivière, dans une fosse de 3.6 mètres de profond à l'abri du gel. À 20 mètres de la rivière deux stations de pompage seront mises en place : l'une pompant l'eau dans l'escarpement de la rivière, l'autre la poussant sur 10 kilomètres jusqu'à la mine Niobec de St-Honoré. Lucien Martel, un fils de Shipshaw et responsable du chantier situé entre les deux gravières, près de la ligne de transmission Est-Ouest, me disait que la conduite d'eau dans la partie escarpée de la rivière était enfouie sous le chemin à 3 mètres de profondeur. Un chemin carrossable fait d'empierrement, de membranes dans les fossés et dans le respect de l'environnement.

Les tuyaux une fois soudés formeront une espèce de grosse paille pour l'aller et une autre de 20 pouces pour le retour à la rivière, un peu plus en aval (100 mètres environ), dans une partie plus profonde du cours d'eau. « L'eau ainsi revenue à sa source aura été traitée et sera à 100% conforme à toutes les normes provinciales et fédérales sur le recyclage de l'eau », m'affirmait Nathalie Duguay, responsable des communications. La technique d'assemblage des tuyaux de plastique en une conduite de 10 km aller, 10 km retour consiste à fusionner les tuyaux les uns aux autres par chauffage. Une fois collé, le joint est parfaitement étanche et presque indestructible.

Le 1/3 du parcours, pour des raisons d'impact environnemental minimal, se fera par forage directionnel. La tête de forage passe sous terre et entraîne les tuyaux soudés ensemble posés sur des rouleaux. Cette  façon de faire évite le creusage de tranchées. Pour le reste du parcours, sous les lignes de transmission et dans le chemin de colonisation (rang 6 et 7), on creusera des tranchées.

Pourquoi tout ce branle-bas me direz-vous?

Il y a de cela plusieurs mois déjà, Iamgold, propriétaire de la mine, a décidé d'augmenter sa production de niobium. Qui dit production plus intensive dit également besoin en eau plus grand. Hors actuellement la mine puise son eau à même la nappe aquifère souterraine de St-Honoré. Comme il s'agit ici de forte quantité d'eau potable, la compagnie a opté pour un CHOIX VERT en délestant de 90% son pompage dans la nappe phréatique plutôt que de l'augmenter. Elle investit donc entre 12 et 15 millions pour venir chercher une eau non potable mais d'excellente qualité dans la rivière Shipshaw. Monsieur Thierry Tremblay, surintendant au développement durable, m'informait, directement de Toronto, que la ponction dans la rivière serait de moins de 1% de son plus faible débit. Selon lui l'immense « macaroni » devrait être en place à la mi-décembre et on ouvrirait le robinet au début de 2012.


Lucien Martel, responsable de chantier


Pour terminer Lucien Martel me disait qu'il n'y avait rien pour les voleurs de cuivre, toutes les données étant transmises par fibre optique.

Denys Claveau