Le 21 novembre 2024
Volume 42, Numéro 9
Un voyage dans le temps
Gens d'ici

Un voyage dans le temps

Il y a quelques temps, Linda Huot ( oui notre Linda du dépanneur «Le marché culinaire») m'avait invité à venir voir son sous-sol décoré dans le style rétro des années 50. Alors que je payais mon lait, je constatai que ses yeux brillaient et qu'elle en parlait d'abondance. «Certainement, mais tant qu'à faire ce pourrait être un sujet de reportage pour la Vie d'Ici». Elle était d'accord. Ce soir-là, Linda et son conjoint Yvon Paradis m'attendaient dans leur maison que je connaissais bien puisqu'elle a déjà appartenu à mon beau-frère Jean-Claude Lavoie. Je me rappelais du sous-sol tel qu'il était au temps on y faisait des rencontres de famille.
 
Rien à voir avec ce que j'allais découvrir. Linda et Yvon m'ont introduit dans leur univers style rétro «fifty», habillés comme à la belle époque du rock, espadrilles comprises. Le rez-de-chaussée donne un peu le ton : table et chaises chromées, électrophones de l'époque et quelques meubles. Paradoxalement pour vraiment remonter dans le temps, il faut descendre au sous-sol. Déjà l'escalier et le plancher sont en carreaux noirs et blancs agencés en damier. En bas c'est l'émerveillement. C'est presque indescriptible. Tout y est dans le moindre détail : un juke-box qui date de 1959 se met en marche et lance une musique endiablée qui invite à la danse; Yvon se dirige vers une glacière de restaurant pour la «liqueur». Il me sert un «7up» et je me remémorais ce geste si souvent répété par Monsieur Lapointe qui avait le petit restaurant chez Nick ici à Shipshaw et chez qui on arrêtait s'acheter un Pepsi dans les années 60. Au fond de la salle, 4 banquettes de restaurant parfaitement conservées sont une invitation à s'assoir. Yvon me dit qu'elles provenaient de Mascouche. J'hallucinais : la machine à boules, les annonces de coke, le vaisselier 1954, sorte de musée Coca-Cola, les petits bancs ronds de comptoir sur un seul pied et mille et un détails qui créent une ambiance spectaculaire. Le «set» de cuisine provient du restaurant le King de Portneuf, la tapisserie et certaines affiches viennent d'aussi loin que la Chine.
 
Yvon et Linda sont vraiment des collectionneurs passionnés et passionnants. J'aurais pu les écouter des heures dans cet environnement incroyable. À date, Yvon, un militaire de carrière à la retraite, a investi plus de $15,000 dollars dans ses acquisitions. Évidemment les collection-neurs comme lui dans la région sont plutôt rares, mais ils sont très nombreux aux États-Unis qui ont lancé cette mode d'après-guerre. S'étant absenté un moment, notre ami revient avec quelque chose de très précieux
 
Il s'agit d'un «crate» en métal de 6 bouteilles de coke datant des années 1940. Certaines bouteilles de cette époque n'ont jamais été débouchées. Incroyable. Mes interlocuteurs me rappelaient que cette mode «fifty» était faite de produits très solides qui ont su résister aux différents assauts des «Baby boomers».
 
Ce salon si spécial et si précieux n'est pas qu'un sanctuaire, c'est aussi un endroit agréable de détente et de rencontre. Mes hôtes affectionnent particulièrement les soirées «machine à boules» entre amis
La passion de collectionneur de nos amis ne s'arrête pas . Les deux adorent les vieilles voitures. Yvon et Linda ont tour à tour possédé des belles d'autrefois telles une Chevrolet Bélair 1954 et une Chevrolet 1929. En plus des expositions, ils ont fait les ralliements de voitures antiques de St-Bruno, Chicoutimi et chûtes Momorency. Yvon a même servi de chauffeur lors de noces ou de bals des finissants. Actuellement son gros projet est de refaire en entier une Chevrolet Impala 59. Il a même suivi des cours de carrosserie pendant 2 ans pour y parvenir. Yvon et Linda se donnent encore 2 ou 3 ans pour redonner vie à cette vieille dame équipée d'un moteur 350 à carburateur 4 barils. D'ailleurs ce qui fait la force du couple c'est leur passion commune. Ils travaillent ensemble dans leurs deux garages chauffés et ne voient pas le temps passer.
 
Leur rêve : pouvoir dénicher un «dîner», sorte de roulotte rétro style restaurant.
 
Ce véritable voyage dans le temps fut un plaisir immense pour moi. Ma seule petite crainte fut qu'ils me gardent: je suis quand même une vieillerie de 64 ans (authentique 1947). 
Merci à vous deux
 
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