Chers lecteurs du « Saviez-vous que…? »
Permettez-moi de souligner ce numéro spécial de nos 30 ans avec un petit «sketch» dialogué qui fut d'ailleurs présenté lors de la soirée retrouvailles du 4 mai dernier. Karine Girard et Lisa Claveau, deux complices de longue date, s'étaient alors donné la réplique avec entrain et naturel, nous rappelant quelques heureux moments de la vie journalistique à Shipshaw.
Lisa : Bonjour!
Karine : Bonjour! Lisa!
Lisa : Bonjour à tous! Merci d'être là. Il y en a peut-être qui se demande pourquoi c'est nous qui animons cette soirée des 30 ans de La Vie d'Ici?
K : Heuuuu (faisant mine de chercher) Nous aussi nous avons 30 ans!
L : Et des poussières. Non. C'est parce que nous sommes des habituées du journal.
K : C'est vrai ont le reçoit à tous les mois.
L : Non. C'est sûrement parce qu'on a déjà fait la première page toutes les deux. Rappelle-toi.
K : Janvier 99. Avec Anick Bergeron, Annie Claveau et Yannick Girard. La pièce « Les Peureux » qu'on avait joué au café-théâtre «le Côté-cour» à Jonquière. Deux vraies folles avec nos combinaisons à panneau Stanfield.
L: Ouais: les combinaisons à mon père, heureusement neuves à l'époque. Il les met encore pour jouer au hockey. Il prétend que ce sont ses plus récentes.
K : J'ose à peine imaginer ce qu'il reste des autres...
L : Ce n'est sûrement pas la combinaison gagnante. D'ailleurs, il y a tellement de trous qu'il n'a plus besoin de se servir du panneau arrière.
K : On serait pas en train de s'éloigner un tantinet du sujet nous autres là?
L : Au contraire on est en plein dedans. C'est comme la campagne de financement annuelle. J'étais là à la première édition en 1984.
K : Moi aussi, on avait à peine 7 ans.
L : Il faut dire que nos mères n'avaient pas trouvé de gardienne pour ce matin-là.
K : On venait juste d'avoir l'âge de raison mais nos parents ignoraient le concept.
L : Le pire c'est qu'on est entré progressivement dans leur folie.
K : Tu t'imagines? 30 ans.
L : À 10 numéros par année ça fait 300 parutions.
K : Si on met une moyenne de 12 pages par numéro ça fait 3600 pages sur l'histoire récente de Shipshaw.
L : Et si on met une distribution moyenne de 1000 copies par mois on atteint 3,600,000 pages imprimées depuis 1982.
K : S'il en coûte $1 par page produite…
L : Arrête Karine tu me fais peur.
K : J'ai peur aussi. (Elles se collent comme au temps des Peureux)
L : Tu crois qu'on devrait continuer?
K : Je ne sais pas. Oui, oui, mais parlons d'autre chose.
L : Je ne suis pas rassurée.
K : Moi non plus.
L : Peut-être sommes-nous en train de rêver.
K : C'est sans doute l'état d'esprit dans lequel se trouvait ton père il y a 30 ans quand le maire de l'époque, Jean-Claude Lavoie, lui a demandé de fonder un journal.
L : (Elle sort une feuille de chou). Tu sais ce que c'est?
K : Une feuille de chou?
L : T'es bonne. C'est ça.
K : Je sens que je reprends confiance en moi. Mais qu'est-ce que ça vient faire ici veux-tu ben…..?
L : C'est l'ancêtre de La Vie d'Ici.
K : Ah! Oui très éclairant, c'est même aveuglant de simplicité.
L : Attends! C'est qu'avant La Vie d'Ici, Jean-Claude Lavoie publiait à tous les mois une « feuille de chou » qui s'appelait « le conseil t'informe » dans le but de tenir la population au courant des affaires municipales.
K : (Sortant un chou au complet et le mettant sous le nez de Lisa) Tu sais ce que c'est ça?
L : Un chou.
K : Non c'est une tablette regroupant plusieurs feuilles de chou.
L : Tu as compris le principe! C'est comme ça que l'ancien maire a demandé à Denys Claveau et Rolande Lavoie (sa sœur) de mettre sur pied un journal communautaire.
K : Il fallait être un peu zinzin pour dire oui à pareille proposition.
L : En fait, Denys a dit NON une bonne dizaine de fois. Puis le bras lui faisant trop mal, il a fini par acquiescer.
K : Drôle de nom La Vie d'Ici…
L : En fait le journal est né sans nom. C'est suite à un concours populaire que Monsieur Jean-Claude Lévesque a proposé le nom La Vie d'Ici. Il fut choisi parmi 228 propositions par un comité spécial de sélection présidé par Réjean Bergeron.
K : C'est donc à partir du no 2 que le journal portera le nom La Vie d'Ici.
L : En plein ça, en décembre 1982. Son nom fut son premier cadeau.
K : Mais le logo lui, a suivi une évolution assez rapide tu trouves pas?
L : Tu peux le dire : on est passé de la bonne franquette à la braguette (fév. 83) puis à la clayette (genre de carrelage) jusqu'en octobre 92. Ces 2 derniers modèles sont nés du travail bénévole et très professionnel de Monsieur Jean Gagné alors graphiste à C.K.R.S. T.V. (un contact que ma mère avait eu). Il faut ajouter qu'à partir de nov. 92 Claire, notre nouvelle présidente, l'a mille fois réinventé grâce à ses talents de graphiste.
K : Moi ce que j'aime du logo c'est l'espace interne du mot VIE qui crée une ouverture spéciale pour recevoir des photos sur la vie des Shipshois.
L : Certainement! Mais ce qui est fascinant aussi avec ce journal c'est que Shipshaw est devenu une sorte de St-Élie-de-Caxton avec ses personnages colorés, ses aventures, ses lieux mythiques, sa façon de faire, de dire, de comprendre…
K : De vivre finalement. On dit que les écrits restent. La Vie d'Ici est donc notre livre d'histoire, une sorte de référence qui nous parle mais silencieusement.
L : Même les niaiseries sont immortalisées dans le journal.
K : Genre Saviez-vous que?... Je le sais, j'y ai goûté quelques fois.
L : Il faut aussi de l'éthique dans un journal. On m'a raconté qu'à ses débuts, l'équipe avait reçu d'un lecteur un texte à publier dans l'opinion du lecteur, écrit sur un napperon de restaurant, plein de fautes d'orthographe, de moutarde, de ketchup et d'attaques personnelles.
K : Finalement la question était : «On publie, on recycle ou on déchiquette?»
L : Après une assemblée des plus animées, on n'a pas publié et on s'est donné des règles du genre :
- les napperons, les kleenex et le papier de toilette ne pourront plus servir pour envoyer des textes au journal.
- pas question non plus de règlement de comptes par journal interposé.
K : Souci de neutralité?
L : Se mettre au neutre pour mieux aller de l'avant si j'ai bien saisi.
K : Dans l'histoire de La Vie d'Ici il n'y a eu qu'un président…
L : Et une présidente: Claire qui s'est appelée Claire Jean jusqu'en fév.99 puis Claire Duchesne depuis. On pense que ce changement résultait d'une chicane de couple entre Claire et Richard son conjoint, mais ils n'ont jamais voulu confirmer.
K : Mais au fait comment Claire a-t-elle fait son entrée à la présidence du journal, il y a déjà 20 ans?
L : Sans doute avait-elle un plan de carrière, car elle a accepté la présidence à sa toute 1ère réunion au conseil d'administration. À la grande joie de son mari Richard d'ailleurs.
K : (Sort un Kodak 1946) Tu sais ce que c'est?
L : Un Kodak!
K : Hé oui. C'est le principe même des caméras utilisées avant les caméras numériques. Il fallait acheter du film, l'installer dans la caméra, puis aller en ville faire déve-lopper les photos et y retourner le lende-main quand le travail était terminé.
L : (sort une dactylo Underwood 1940) Même chose pour les textes qu'il fallait dactylographier et annexer au montage manuel avec les photos. Puis monter en ville pour les porter à l'Improthèque.
K : Heureusement Rolande a adoré la dactylo, puis le vic-20, le commodore 64 et etc…