« les voyages forment la jeunesse » qui disaient…
L'histoire qui suit serait certainement digne de constituer un nouveau chapitre des aventures du célèbre baron Von Mûnchhausen (Karl Hieronymus de son prénom). Ce personnage de légende, officier allemand du 18e siècle, est très connu pour ses excentricités. Sa vie constitue une rocambolesque séquence de péripéties toutes plus invraisemblables les unes que les autres. Le seul Shipshois dont la feuille de route se rapproche de cette description c'est Ghislain Gravel de la route Bouleau. Plusieurs de ses aventures ont déjà fait l'objet de cette chronique. Pourtant, dans le cas qui nous occupe, il ne s'agit pas de lui mais plutôt de sa fille Manon. Comme quoi l'hérédité c'est fort.
Toujours est-il que, l'été dernier, Manon et son conjoint Patrick D'Amour (ancien résident de Shipshaw) décident de se rendre au Nouveau Brunswick pour les vacances avec leur petit garçon de 8 ans, Jean-Vincent. La petite famille opte pour le camping avec tente pour assurer sa survie. Comme Patrick a toujours peur qu'il manque quelque chose, il avait préparé assez de stock pour charger un dix-roues. Toutefois il a réussi à tout mettre dans son auto tout en étant capable de fermer les portières. Sur le toit du véhicule, il a fixé son kayak et, à l'arrière, 3 vélos complètent le chargement. On dirait un «tuf-tuf» (autobus) haïtien dans toute sa « splendeur ».
Le «char est loadé» et le suspension en compression maximale. Première étape: les Escoumins. Pas de problème, la vie est belle. On décide de prendre le traversier Escoumins-Trois-Pistoles. Premier constat: le bateau est beaucoup plus petit que celui de St-Siméon-Rivière-du-Loup. L'embarquement se fait lentement et les véhicules sont vraiment parqués serrés sur le bateau. Comme Manon avait un petit creux, on décide de manger un sandwich avant de quitter l'auto. Il fallut un bon 10 minutes de déplacement d'objets et de personnes pour se rendre à la glacière et un autre 10 minutes pour manger. Pendant ce temps le bateau s'était mis en marche, plein lui aussi comme un œuf. Comme la traverse devait durer environ 1h 30, nos amis, une fois repus, voulurent quitter la voiture mais ils étaient littéralement coincés entre une roulotte à sellette (fift wheal) et la paroi du bateau. On eut beau crier, vociférer, pleurer, seul quelques mouettes répondirent à leur appel. Patrick, habitué à résoudre des problèmes, explora quelques hypothèses de solution : les fenêtres! Sauvé par ses 8 ans, Jean-Vincent se faufila par la fenêtre avant, côté passager. Manon qui habille elle-même du 8 ans et qui est ultra-mince parvint, grâce à différentes contorsions, à s'éjecter par la fenêtre. Quant à Patrick, après un temps fou de pousse-tire, frotte la bedaine, « ayoe mon dos! » et avec l'aide de son épouse et son fils, il réussit à s'extirper vivant de l'auto par la fenêtre arrière, mais il avait grandi de 2 pouces. Patrick rota son sandwich jusqu'à Trois-Pistoles tellement son estomac avait été compressé.
Au débarquement il retrouva son auto grâce aux traces de nombril laissé sur la fenêtre de l'auto. Plus tard dans la journée, alors qu'ils se dirigeaient vers le Nouveau Brunswick, la radio annonça que le traversier suivant le leur avait perdu une voiture dans le St-Laurent. Vive le camping sauvage!
N.B. (pas Nouveau Brunswick mais NOTA BENE) Comme cette histoire ne fait que commencer et qu'il m'aurait fallu une «Vie d'Ici» au complet pour la raconter, je vous convie donc au mois prochain pour la suite.