Le 27 July 2024
Volume 42, Numéro 6
Saviez-vous Que...

Spécial 30 ans (1982 - 2012)

Vous êtes en train de lire le dernier numéro de la Vie d'Ici, « spécial 30 ans ». Dès janvier donc, nous reviendrons au format habituel du journal et de cette chronique, mettant ainsi un terme à notre incursion mensuelle sur des anecdotes du passé.

Maudite « Marde »
Il vous est sans doute arrivé déjà, une fois un long et fastidieux travail complété, de ressentir une immense satisfaction, celle d'y être enfin parvenu malgré toutes les difficultés. Puis assis sur le coussin moelleux de la fierté, de jeter un coup d'œil comme ça, à la traîne, pour découvrir, presqu'en arrêt cardiaque, que l'objet que vous avez balayé du regard est une composante essentielle du système d'embrayage de votre tracteur sur lequel vous travailliez depuis deux jours et que cette omission vous oblige à tout recommencer. Sans doute la même « joie délirante » que le chirurgien qui vient de refermer le patient et qui se rend compte qu'il lui manque un verre de contact ou une paire de ciseaux.
À la fin de l'été donc, Normand Roy faisait de la galerie pour la 2e fois dans sa berceuse favorite. Il profitait des derniers moments d'une saison entièrement consacrée à bâtir sa maison au bout de la rue des Cerisiers voisin de René Tremblay. Mais voilà que le cri strident de sa conjointe mit abruptement un terme à sa contemplation : « NO-OR-MA-ND!!! Vite! « Après cet électrochoc vocal, notre ami se précipita à l'intérieur pour découvrir les vraies joies de la campagne. L'eau des dernières brassées de lavage et le contenu de la toilette s'étaient répandus dans le sous-sol, à l'aveuglette, imbibant tout ce qui s'y trouvait. Flottait déjà au-dessus de ce gâchis cette odeur caractéristique des grands moments de l'existence. Normand n'était qu'à dévaler l'escalier deux marches à la fois, qu'il en avait déjà plein le nez.
-     La fosse septique doit être bouchée, de dire         Normand.
-     Mais c'est impossible, on vient juste d'aménager,     
    réplique son épouse.
-     Je n'ai même pas de « fichoir » pour débloquer les
    tuyaux. Vite appelle René Tremblay et dis-lui qu'il        se pointe à la vitesse grand V. »
En moins de temps qu'il n'en faut pour faire un tour de patinoire à l'aréna de St-Ambroise, René, en bon voisin, se retrouve chez Normand qui a déjà chaussé ses bottes à vêler et se prépare à faire un malheur avec la «mop» (vadrouille). Il était désemparé comme un quartier qui viendrait de perdre sa caisse populaire et son bureau de poste dans le même mois. «Ça serait plus vite avec une pompe; je vais appeler Jacques, mon frère». Parenthèse: Jacques est presque devenu un spécialiste dans le domaine, mais il a appris sur le tas. Il a même mis fin à sa carrière de hockey parce qu'il «pompait trop». Fermons la parenthèse. Mais, après avoir prononcé le mot POMPE, René s'est  souvenu que la fosse sceptique à Normand, à cause de son élévation, nécessite l'usage d'une pompe pour amener les égouts dans la fosse. Une seule question a suffi à René pour constater que notre bon Normand avait omis de brancher la fameuse pompe dans la prise de courant. Bienvenue dans le club des proprios. Il y a une certaine noblesse tout de même à admettre qu'on s'ÉTRONpé.

Le Bec à l'eau…
Le 24 décembre dernier, à la messe de 7h30, l'église était pleine et chaude des centaines de gens qui s'y trouvaient et de l'ambiance si particulière de la Nativité. Bercés par leurs voix si pures de chanterelle, émerveillés par la crèche, par le sourire des gens, la magie de la tendresse touchait chacun et chacune. L'abbé Clément Girard, notre curé, commença donc la messe avec un accueil vibrant. La première partie de l'office et l'homélie se déroulèrent donc dans la plus grande harmonie. Près de l'autel, pour assister le prêtre, les «enfants» de  chœur étaient plutôt costauds: il s'agissait de Raymond Tremblay et de son épouse Esther qui s'étaient offerts pour cette tâche avant l'office. Quand fut venu le temps de l'offertoire, les servants apportèrent les deux burettes contenant le vin et l'eau. L'abbé Clément, avec grand respect, exécuta le rituel en versant le vin de la 1ère burette, puis s'arrêta, le visage sceptique. Le vin avait une couleur inhabituelle, il ressemblait à s'y méprendre à de l'eau. Un peu embarrassé par cette énigme, l'abbé Clément trempa son index dans le liquide pour s'assurer que ce n'était pas une nouvelle recette de vin de messe, millésime spécial fin de millénaire; il porta donc son doigt à ses lèvres et tous ses doutes tombèrent; c'était bien de l'eau. Peut-être avait-on inversé les contenus des burettes et que le vin se trouvait dans l'autre burette; après vérification, les deux burettes ne contenaient bel et bien que de l'eau claire. Comme consacrer sans vin, c'est consacrer en vain, notre bon curé eut tôt fait de demander à la sacristine de changer l'eau en vin. Ce qu'elle fit sans pour autant s'attribuer quelque miracle que ce soit. Après cet intermède un peu stressant, qui passa tout à fait inaperçu à la plupart des gens de la nef, la messe de Noël se poursuivit sans anicroche et dans la ferveur jusqu'au dernier cantique. C'est ce soir-là que je compris qu'il pouvait y avoir un lien de parenté entre les Auclair et les Potvin.