Le 27 July 2024
Volume 42, Numéro 6
Ma résolution 2013 : Manger moins de viande
Opinion

Ma résolution 2013 : Manger moins de viande

Quand vous lirez ce texte, nous serons déjà au mois de février, mais je me suis dis qu'il n'était pas trop tard pour vous faire part de mes réflexions sur la nouvelle résolution que j'ai adoptée en janvier. Après tout, l'année vient de commencer.

MANGER MOINS DE VIANDE   
Drôle de résolution me direz-vous? Oui on entend plus souvent : je vais faire plus d'exercice, je vais maigrir, arrêter de fumer, etc. Pour ma part, c'est suite au visionnement du documentaire «la face cachée de la viande» que j'ai pris cette décision. En effet, pendant la période des fêtes j'ai pris le temps de visionner ce reportage que mon conjoint avait enregistré pour moi lors de sa diffusion sur TVA en décembre dernier. Mon conjoint m'avait alors fait part de ses commentaires et il m'avait manifesté son désir de diminuer notre consommation de viande. J'ai donc pris un moment pour regarder le reportage et de fait, j'en suis venue à la même conclusion que lui : nous pouvons manger moins de viande pour notre bien-être et par principe.


POUR LA SANTÉ
En effet, manger moins de viande serait meilleur pour notre santé, car cela diminuerait les risques de développer des maladies cardiaques (comme crise cardiaque, accident cérébro-vasculaire, hypertension) liés à la consommation de gras d'origine animale. De plus, cela aiderait à diminuer les risques de développer des cancers (comme colon) ou des maladies chroniques comme le diabète de type 2 souvent lié à l'embonpoint. Selon moi, c'est bien normal que notre besoin en viande soit moindre, car nous travaillons beaucoup moins physiquement que nos parents et grands-parents voilà quelques décennies. Il semblerait qu'en Amérique du Nord nous en mangeons 25 % de plus par personne qu'il y a 40 ans, pourtant nous sommes plus sédentaires…

Au Canada, en 2011, 67% des hommes et 54% des femmes de 18 à 79 ans faisaient de l'embonpoint ou étaient obèses. Ce qui veut dire que ceux qui ont un poids santé sont en minoritéC'est énorme et inquiétant pour nos coûts de santé qui ne font qu'augmenter, en plus d'une population vieillissante. Et les statistiques ne sont pas plus rassurantes chez nos jeunes. Dans les 25 dernières années, le nombre d'enfants souffrant d'embonpoint a triplé au Canada.

Faisant partie des gens souffrant d'embonpoint, je choisis, pour ma fille et pour moi-même, de modifier certaines habitudes alimentaires, car je désire lui montrer l'exemple et adopter de bonnes habitudes alimentaires afin d'être présente le plus longtemps dans sa vie.  Je ne veux pas être une personne avec des problèmes de santé et souffrant de maladies chroniques et invalidantes; du moins je souhaite retarder le plus longtemps possible ce moment. Diminuer ma consomma-tion de viande est donc l'une des actions que je peux entreprendre pour atteindre cet objectif.

POUR L'ENVIRONNEMENT
Manger moins de viande, cela contribue à pré-server notre environnement. La consommation de viande mondiale est tellement élevée, que dans des pays d'Asie et d'Amérique du Sud, on doit déboiser pour cultiver des grains et des céréales qui serviront à nourrir le bétail destiné à notre consommation. On estime que pour produire 1 livre de bœuf cela nécessite 9 livres de céréales et 15 000 litres d'eau, des chiffres assez impressionnants.
D'un autre côté, les émanations de méthane produites par les bœufs contribuent pour 18% des gaz à effet de serre dans le monde. C'est certain qu'on est loin des gros pollueurs que sont les voitures et l'industrie du pétrole, mais il s'agit tout de même d'une partie sur laquelle nous pouvons agir. Selon Hubert Reeves, avec la viande, nous pourrions nourrir jusqu'à 3 milliards d'humains sur la terre, tandis qu'avec les céréales, nous pourrions en nourrir jusqu'à 12 milliards. C'est quatre fois plus de monde. Et dire qu'il y a encore des gens qui souffrent de la faim dans le monde alors que l'on produit en si grande quantité. Il y a de quoi se questionner.

POUR DES RAISONS D'ÉTHIQUE ET DE CONSCIENCE
Nous ne sommes plus à l'époque nous achetions le bœuf de l'agriculteur du rang près de chez nous et que la viande disponible variait selon les résultats de la chasse ou de la pêche. Nous sommes dorénavant dans un cycle de consommation la production de masse doit répondre au marché de l'industrie. Certaines méthodes de production me laissent perplexe. Les poulets atteignent leur poids en seulement 38 jours; les cochons sont castrés à vif pour répondre au critère du consommateur (éviter l'odeur d'urine lors de la cuisson); les jeunes veaux sont séparés de leur mère après seulement 1 semainel'espérance de vie d'une vache laitière est de 5 ans, comparée à 20 ans anciennement. Et je ne fais qu'énumérer quelques exemples.



Bref, des faits que l'on ne s'imagine pas quand on achète la viande à l'épicerie, mais qui soulève des questions et même des hauts-le-coeur quand on visionne le reportage. Je peux vous dire que nous sommes loin des poules qui se promenaient librement autour de la ferme. La plupart ne voit même pas la lueur du soleil et ne connaisse pas l'existence de la verdure (surtout les poules et les cochons). Je sais qu'il ne faut pas généraliser et que les animaux ne sont pas tous maltraités, mais nous pouvons nous questionner car on traite nos chiens comme les meilleurs amis de l'homme, mais quand il est question de nourriture, nos critères de traitement ne sont plus les mêmes. Ce sont donc des faits qui me motivent à consommer moins de viande.

VERS DES CHOIX PLUS ÉCLAIRÉS
Et je sais que cela n'est pas facile d'aller à contre-courant dans notre monde de consommation, mais nous pouvons chacun faire des petits changements qui feront une différence si une masse de gens y adhèrent graduellement. Pour ma part, depuis janvier j'ai intégré le tofu dans mon alimentation pour diminuer la quantité de viande. Je n'aurais jamais pensé ni cru cela il y a quelques années, mais je développe cette nouvelle habitude. En plus, il y a plein de recettes pour intégrer les céréales et les légumineuses dans nos menus afin de maintenir notre apport en protéines. Je ne serai pas végétarienne demain matin, mais je m'engage à diminuer ma consommation de viande et à intégrer de nouvelles habitudes dans mon quotidien et à développer de nouveaux goûts. Et je le fais pour ma santé, pour l'environnement et par principe.

Je vous invite à aller visionner le reportage «La face cachée de la viande», disponible sur illico.ca; vous ferez alors un pas pour vous sensibiliser à la réalité actuelle. Cela vous demandera seulement 1 heure de votre temps. Je vous avise aussi qu'il s'agit d'un reportage qui ne reflète pas tous les aspects de la situation. Plusieurs agriculteurs du Québec sont choqués par l'image véhiculée par le documentaire et je pense qu'ils ont raison de soulever ce point. Il s'agit pour eux de leur gagne-pain et ils y consacrent une grande partie de leur vie.

Pour ma part, je pense qu'il est de notre devoir de nous documenter pour faire des choix plus éclairés, car bien souvent on ne veut pas payer pour des produits locaux, alors on encourage la grosse industrie. Une chose est certaine, il faut ouvrir notre conscience pour consommer plus intelligemment pour l'avenir de la planète et de l'humain.