Le point de non-retour
Dans la vie, il y a des limites à ne pas dépasser. Certains franchissent ce point de non-retour. Ils sont tristement nombreux à faire parler d'eux dans les médias parce qu'ils ont mis fin à leurs jours dans un moment de détresse.
Cependant, pour bien aborder ce sujet délicat qu'est le suicide, les journalistes devraient aussi avoir des limites. On entend trop souvent dire «On n'a pas besoin d'en parler pendant deux semaines au téléjournal» ou «Les détails étaient vraiment macabres dans l'article» à propos d'une mort volontaire.
On peut faire en sorte que ces commentaires ne se répètent pas et continuer de rapporter les suicides dans les médias. La couverture médiatique de ces cas est un formidable prétexte pour la prévention, si elle est bien faite.
Selon le Centre de prévention du suicide régional, plusieurs reportages peuvent réduire la probabilité que les gens se donnent la mort. Il suffit de promouvoir les solutions, les services d'aide disponibles, les signes précurseurs.
Malheureusement, il est plus souvent question dans les médias de sensationnalisme, de glorification des victimes et d'acharnement sur les proches.
Pourtant, il y a des nuances possibles. On peut interroger un ami d'une personne qui s'est suicidée sur son comportement avant de passer à l'acte, sans montrer ledit ami en pleurs à la caméra.
D'autres fois, on veut tellement rester sobre et ne partager que les faits que l'événement malheureux devient banal. C'est quasiment pire. Ça amène les gens, comme les jeunes ayant présenté un kiosque sur la pendaison à la dernière édition d'Expo-Sciences, à avoir une vision simpliste du suicide.
Le monde des médias n'a pas encore atteint le point de non-retour par rapport au suicide, mais il s'en approche. C'est une tâche difficile, mais se donner des normes est absolument nécessaire.
En tant que quatriè-me pouvoir, les médias ont un rôle insoupçon-né, celui d'in-fluencer la popu-lation avec l'image qu'ils renvoient.
Comme chacun d'entre nous, ils doivent donner un bon exemple.