Le 22 décembre 2024
Volume 42, Numéro 10
Acheter local, lire local
Opinion

Acheter local, lire local

Depuis quelques années, la population est sensibilisée à acheter des produits locaux. Les publicités gouvernementales vantent les produits d'ici et on retrouve un logo spécial sur les aliments à l'épicerie. Si ce n'est pas toujours bénéfique pour notre portefeuille personnel, au moins ça stimule l'économie locale.

 

Certaines personnes poussent cette idéologie encore plus loin en consommant localement… de la culture! Le 12 août dernier, un grand mouvement amorcé sur les réseaux sociaux invitait les lecteurs à se procurer un livre québécois pour encourager les auteurs de la province. L'évènement initié par les écrivains Patrice Cazeault et Amélie Dubé a été un succès. Certaines librairies ont observé des ventes quatre fois plus importantes qu'à l'ordinaire.

 

«On lit partout que la situation est précaire, que les éditeurs en arrachent et que les auteurs ne vendent plus», partageait Patrice Cazeault lors de la création du mouvement. Même si le marché a été dynamisé le temps d'une journée, il est triste de penser que ça ne durera probablement pas.

 

Si vous faites le test autour de vous, je suis pratiquement sûre que les passionnés de lecture seront peu nombreux à tenir un livre québécois entre leurs mains. Il y a bien plus de chances que ce soit une traduction d'un best-seller américain, et probablement un adapté au cinéma en plus. Divergence est un bon exemple en ce moment pour les jeunes.

 

Comme n'importe quel artiste, il n'est pas facile pour un auteur de vivre de son art. Et c'est encore plus difficile quand l'engouement est focalisé sur des livres déjà vendus de nombreuses fois. Je me rappelle un auteur jeunesse particulièrement prolifique qui justifiait sa productivité par sa «famille à faire vivre». Puisque chaque livre se vend généralement peu, il faut selon cette logique en écrire beaucoup pour subsister.

 

Plusieurs écrivains québécois déplorent que leurs œuvres ne soient pas valorisées en librairie. Contrairement aux fruits et légumes, ils n'ont pas leur étiquette désignée. Pourtant, on l'a vu avec l'évènement du 12 août, un peu de promotion peut créer beaucoup d'enthousiasme.

 

Loin de moi l'idée de faire des livres québécois une cause humanitaire. Mais comme l'exprime M.Cazeault, «il y a des plumes extraordinaires à découvrir au Québec. Des univers à explorer, des mots pour nous faire rêver, pour nous secouer, nous surprendre, nous tirer des larmes ou nous faire éclater de rireBref, soyons fiers de ce que nous faisons ici et ayons une culture diversifiée, locale et internationale.