Le 27 décembre 2024
Volume 42, Numéro 10
Opinion

Hommage aux perruques Canadiennes

Quand je vois les publicités télévisées et celles polluant mon fil de nouvelles Facebook vantant avec enthousiasme le 150e anniversaire du Canada, je ne peux réprimer une certaine vague de cynisme.

 

Premièrement, notre immense pays ne fêtera pas avant 2017 cet âge vénérable. La Confédération canadienne a été fondée en 1867 avec la signature de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique le 1er juillet. C'est bien beau de préparer le terrain, mais souligner la Conférence de Charlottetown de 1864 à grands coups de spots publicitaires coûteux me semble un peu abusif.

 

Je comprends que cet événement a contribué à former le Canada que nous connaissons aujourd'hui. Un petit mot dans une déclaration du Premier ministre, on sourit de nostalgie et on passe à autre chose. , on assiste plutôt à un battage médiatique digne des plus grandes reconstitutions historiques. On se croirait dans Downton Abbey avec toutes ces perruques et ces redingotes figées dans le temps.

 

Ce qui me chicote aussi, c'est de voir comment les Pères fondateurs du Canada sont présentés comme de majestueux exemples pour nos politiciens qui, on ne se le cachera pas, en arrachent souvent ces temps-ci. Par exemple, le député Pierre Karl Péladeau et son conflit d'intérêt avec Québécor.

Prenons donc le temps de nous poser la question. Est-ce que les hommes politiques d'il y a un siècle et demi étaient vraiment plus honnêtes que ceux de nos jours ? Les magouilles, la corruption, les pots-de-vin, les décisions prises par intérêt personnel, tout ça n'existait pas à cette époque ? J'en doute... On n'a pas inventé le proverbe «L'argent mène le monde» en écoutant la commission Charbonneau.

 

En voyant tant de ressources dépensées pour tenter d'alimenter le sentiment d'appartenance des Canadiens, alors qu'il y aurait tellement d'autres endroits investir et qu'on coupe dans des institutions essentielles comme ICI Radio-Canada, j'ai l'impression qu'on essaie de me laver le cerveau.

 

Je dirais même que Stephen Harper exagère un peu. N'a-t-il pas compris que les habitants du pays ont d'autres préoccu-pations que le patriotisme? Le tollé de protestations entourant les portraits de la Reine en 2011 me semblait assez évocateur.

 

Encore une fois, le Premier ministre ne paraît pas avoir les priorités à la bonne place. Aux yeux de plusieurs Québécois, tout du moins. Une chance pour son ego, proba-blement que la compagnie Hallmark l'applaudit chaleureusement. On dit entre les branches que les dirigeants cherchaient une nouvelle occasion commerciale pour créer des cartes de souhaits. «Happy birthday, Canada!»