Le 27 July 2024
Volume 42, Numéro 6
Opinion

Partir pour grandir

Que faire lorsqu'on obtient notre diplôme d'études collégiales, profil sciences humaines, en plein mois de décembre et qu'on veut intégrer l'université à l'automne seulement?

Plutôt que de rester assise sur ses lauriers, la solution de Camille Néron, 20 ans, a été de choisir une ville sur Google au hasard et d'y déménager pour 6 mois. Les péripéties sous-entendues composeraient un excellent roman, pimenté et drôle à souhait; pourtant c'est une expérience bien réelle!

Même si la décision de Camille semble prise sur un coup de tête, elle n'a pas embarqué dans le train vers Kingston en Ontario, à 757 km de Saguenay, sans une préparation minimale de quelques semaines. Lors de son départ le 8 janvier, la passionnée de photographie et de dessin  avait déjà sa place réservée dans un appartement avec deux parfaites inconnues, qui se sont révélées heureusement très sympathiques.

Ses colocataires viennent de Chine et d'Europe, «avec des noms qui ressemblent à ''Iodsjfouhlgihigfl'' lorsqu'[elle] essaie de les prononcer», mais c'est exactement le genre de dépaysement dont Camille avait besoin. Et tout ça sans même avoir besoin d'un passeport!

«Je me retrouve seule avec moi-même, 24 heures sur 24, hors de ma boule de ouate qui m'isolait et me réconfortait, confie la jeune femme qui a toujours habité Saint-Ambroise. Je réalise un vieux rêve d'enfant qui trottait constamment dans ma caboche ces derniers temps.»

Il faut dire que le moment était parfait pour Camille. Son changement d'orientation dans son parcours collégial a fait en sorte qu'elle a terminé une session plus tard que ses amis du secondaire. Elle aurait pu continuer à servir des cafés au Tim Hortons à temps plein, mais l'aventurière a préféré se ramasser des sous dans un nouvel environnement. Drôle de hasard, à peine quelques jours suivant son arrivée, Camille était engagée dans un commerce de la même bannière!

Évidemment, le tout ne s'est pas passé sans anicroche, mais c'est bien ce que la pimpante artiste désirait. Perdue dans Kingston, elle a été sauvée par un chauffeur de taxi amateur de chant, qui lui a gentiment fait visité les lieux d'origine franco-phone de la ville. Croulant sous les sacs d'épicerie dans un autobus plein à craquer, elle a été aidée par une dame pour se tailler une place.

«Elle m'a dit que c'était sa bonne action de la journée et que je devais redonner en retour. Ça m'a touchée direct au cœur et m'a rappelé le film ''Payez au suivant'' que j'écoutais à répétition plus jeune», raconte celle qui aimerait bien voir une telle chaîne d'aide mise en place dans le monde. En attendant, Camille est impatiente de vivre les aventures que la vie mettra sur son chemin à Kingston.