Petit guide pour survivre aux médias
Travaillant maintenant dans le monde «officiel» des médias depuis quelques mois, j'ai réalisé que plusieurs choses qui me paraissent évidentes sont loin de l'être pour une grande partie des lecteurs des journaux, et c'est loin d'être leur faute également.
Pour bien les saisir, il faut être dans la face intérieure du monde de l'information. Parfois, un manque de compréhension involontaire peut entraîner de la frustration et des discussions malencontreuses. Aujourd'hui, j'ai le goût de vous dévoiler quelques trucs dans le fonctionnement du monde de la presse écrite.
Ainsi, la prochaine fois que vous lirez un texte qui vous fera dire «Mais qui a pu écrire une chose pareille?» (ce qui parfois est une bonne impression), vous pourrez repenser à cette chronique et tenter de mettre l'écriture de l'article en contexte, et peut-être, porter un jugement moins sévère.
Tout d'abord, il faut savoir que l'auteur du soi-disant article est un être humain. C'est-à-dire que comme n'importe qui, il peut être fatigué, pressé, malheureux, distrait ou tralala. Comme n'importe qui, il a aussi une famille, des amis et des connaissances qui peuvent influencer ses choix, et comme n'importe qui, il a des opinions gauchistes ou libérales, souverainiste ou fédéraliste, blanc ou noir, chaud ou froid, bref.
Bien qu'un journaliste doit se montrer le plus neutre possible, c'est tout simplement impossible, parce qu'il est humain. Il peut cependant une chose: être honnête. Toutes les informations qu'il transmettra au public seront donc, selon ses sources en qui il a confiance et son bon jugement, véridiques.
Deuxièmement, les médias sont des entreprises. Leurs propriétaires n'ont pas nécessairement à coeur le droit du public à l'information, ils veulent faire de l'argent, ou du moins ne pas en perdre. Cela implique de gérer des employés qui écrivent des articles, prennent des photos, vendent de la publicité, répondent au téléphone, font des choix éditoriaux, mettent en page le contenu, impriment les feuilles et livrent les journaux. Bling bling!
Pas étonnant donc que pour limiter les coûts, les tâches soient augmentées. Alors imaginez que dans une soirée, un employé traite des communiqués de presse, fasse des entrevues au téléphone, vérifie les dernières nouvelles sur le web, se rende à un évènement, écrive quelques textes, monte la page de statistiques et prépare des pages web. Histoire vraie.
Alors si vous trouvez qu'un sujet a été traité avec beaucoup moins d'importance et de délicatesse que vous l'auriez souhaité, ce n'est pas par mauvaise foi, mais par manque de temps et de ressources. Malheureusement la multiplication d'individus n'a pas encore été inventée.
Et puis les titres. Ah, les titres! Trop longs, trop plates, trop courts, trop confus... Faire des titres est un véritable casse-tête. Et devinez qui les fait? Pas la personne qui écrit l'article, en règle générale, même si elle peut en suggérer un. De toute façon, elle n'a pas le dernier mot lors de la mise en page du journal le soir.
Ne soyez donc pas étonnés si, un matin, des lettres grasses prennent un ton trop sensationnel (par désir de vendre des copies, bling bling!) et presque erroné. C'est que la personne qui l'a composé n'a pas vu, entendu ou senti ce que le journaliste a vécu pour alimenter son article. Encore une fois, l'interprétation règne, et parfois, son règne est disgracieux.
Je vous souhaite de l'information honnête, claire et intéressante dans vos prochaines lectures.