Le 26 décembre 2024
Volume 42, Numéro 10

La vie au Centre Multiservice

« Parlez-moi d'une souffrance qui se cache et reste ignorée. C'est celle-là que je voudrais secourir. »

Henry Becke

St-Jean-Vianney vu par un homme guidé par le cœur (Alain Blackburn).

Alain a une connaissance impressionnante sur St-Jean-Vianney, son historique, ses ancêtres; c'est toujours avec fougue qu'il défend son village. Merci de nous permettre de vivre tes émotions à travers ce texte; c'est un beau cadeau que tu nous fais pour cette belle période des fêtes.

Ce n'est pas un adieu!                                                                                                                                                                

Cinq cent quarante mois et je me souviens encore de vous mes amis disparus. Je me souviens encore des rires des enfants jouant dans les alentours, je me souviens du chant des oiseaux et de la voix des mamans qui chantaient en vaquant à leurs occupations quotidiennes.

 

Je n'oublie pas non plus mes amis du temps avec qui nous sortions au restaurant «Chez Marcel» ou au «Château». Ces soirées de fête au «Club Via» les orchestres nous emportaient ailleurs. Ces petites soirées de semaine à nous amuser sur les tables de ping-pong ou de mississipi, ou encore mieux, la danse en groupe en face du jukebox endiablé. Les messes du dimanche matin, dans l'église bondée, nous permettaient de jeter des regards furtifs sur les personnes que nous jugions les plus intéressantes ou à rire des chapeaux nouveaux des dames du village. Nos dimanches après-midi à la cabane du terrain de jeux, à patiner, parfois main dans la main, en écoutant la musique grinchant dans les haut-parleurs, ou encore en regardant jouer les «Météor» contre Kénogami ou Jonquière. Souvenons-nous aussi des bandes de neige que nous faisions derrière le collège. Chaque classe avait la sienne et nos récréations devenaient de longues compétitions de ballon.

 

Les grands espaces que nous offrait notre village ne sont pas non plus disparus de ma mémoire. Ces champs nous courions, ou ces forêts qui nous offraient leurs fruits à récolter. Combien de noisettes cueillies sur les caps du faubourg ou de bleuets sur la côte en face de la maison paternelle. Rien non plus n'est comparable aux glissades de la côte chez M. Donat. Cette pente interminable qui fut l'objet de courses et de descentes folles. Nous avions même nos propres pistes cyclables, en face de notre maison, qui ont nécessité des heures de travail. Les petits boisés les amoureux se croyaient bien cachés me font encore sourire.

 

Comment pourrais-je oublier mes étés à aider à la ferme de mon oncle? Ces terres emportées qui donnaient un rendement incomparable en foin ou en blé, récolté quand il était bien doré et mûr. J'y ai appris tellement de leçons de vie qui me servent encore.

 

À la fin des années cinquante, voilà que mon village prend de l'expansion… Vous étiez les bienvenus, nouveaux arrivants du temps. D'autant plus que dans ces nouvelles familles, on pouvait y retrouver beaucoup de belles filles. Comme vous étiez charmantes, comme vous avez bien meublé mon adolescence. Il faut se souvenir. Je le fais avec joie.

Non, mon village, ce n'est pas un adieu. Nous avons un devoir, un devoir de mémoire pour les générations futures. Nous devons combattre et ramener ton histoire, l'histoire d'un endroit si merveilleux qu'on a voulu faire mourir, sans nous consulter, en profitant de notre désespoir, de ces temps lugubres. Saint Jean-Vianney, je t'aime encore. (Alain Blackburn)

 

Alain est membre du comité de la « Corporation pour la Sauvegarde et la Valorisation du territoire de St-Jean-Vianney ».

 

Rencontre avec les élus(es) municipaux à St-Jean-Vianney,  un nouvel espoir….

Le 10 novembre dernier, Julie Dufour, conseillère municipale, a organisé une visite sur le site de St-Jean-Vianney avec certains élus municipaux. Notre projet historique et la valorisation de ce territoire nous tiennent à cœur et ce fut avec plaisir que j'ai accepté d'accompagner les élus avec 2 autres membres du comité, Marlène Tremblay, vice présidente, et Alain Blackburn, ancien résident de St-Jean-Vianney et une de nos principales ressources historiques.

 

«Certains souvenirs se refusent à sombrer dans l'oubli, quels que soient le temps écoulé ou le sort que la vie nous ait réservé. Des souvenirs qui gardent toute leur intensité et restent en nous comme la clé de voûte de notre temple intérieur». 

(Haruki Murakami)

Je remercie les employés qui ont planifié cette magnifique rencontre ainsi que leur accueil chaleureux: M. François Boivin (chargé de projet en urbanisme, service de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme de Ville de Saguenay), M. Martin Dion (technicien en urbanisme, service de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme de Ville de Saguenay), Mme Lucie Carrier (ingénieure forestier, service de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme de Ville de Saguenay), Mme Josée Gagnon (technicienne, division des propriétés, service de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme de Ville de Saguenay), Mme Julie Bolduc (Technicienne en milieu naturel, chargée de projet et coordonnatrice de la patrouille Eurêko), M. Simon Gagné (directeur général, Eurêko) ainsi que les élus municipaux : Carl Dufour, Julie Dufour, Sylvie Gaudreault, Réjean Hudon, Josée Néron, Jonathan Tremblay, Simon-Olivier Côté. J'étais heureuse de pouvoir échanger avec chacun d'entre vous et merci pour votre intérêt, c'est grâce à vous que notre projet historique va se concrétiser. Les membres du comité de St-Jean-Vianney sont satisfaits de suivre «Eurêko» dans cette belle aventure pour la valorisation du territoire de St-Jean-Vianney et ainsi de nous aider dans notre continuité à faire œuvre de mémoire auprès de la nouvelle génération et la sensibiliser à notre histoire. Comment ne pas être sensibles quand nous voyons à l'emplacement où 13 corps n'ont pas été retrouvés, un deuxième trou de bouette? C'est inacceptable et ça vient me chercher à toutes les fois. Je suis prête à accepter un trou de bouette bien encadré en respectant la sécurité mais pour ce qui est du secteur directement relié au sinistre de St-Jean-Vianney, c'est intolérable et inhumain. J'ai déjà entendu à quelque part que la mémoire ramenait le passé à l'existence, c'est un peu ce que nous souhaitons, faire revivre notre village et éveiller nos souvenirs afin de les partager.

 

Je vous souhaite de passer

d'excellentes Fêtes ainsi que

de nombreux moments inoubliables

en famille. Joyeux Noël à tous!