Le 21 novembre 2024
Volume 42, Numéro 9
Saviez-vous Que...

On s'en tire comme on peut

Au Québec, dans plusieurs régions y compris la nôtre, avril c'est le mois des érablières et du sirop. Ce branle-bas printanier commence tôt avec les entailles aux érables, l'installation des chaudières ou tubulures, l'éveil des évaporateurs.

 

À ce moment de mon anecdote, vous me direz sans doute : mais qu'est-ce que Ghislain Gravel a affaire dans tout cela?

Bonne question puisqu'il n'y a aucun érable sur le lot familial. En fait notre ami Ghislain se rend chaque année dans la municipalité de Fernand-Boileau (en anglais : Iron slow et Drink water) pour aider des amis à faire les entailles dans leur érablière. Comme l'hiver fut très neigeux et que circuler d'un érable à l'autre dans trois pieds de neige exige de bonnes raquettes, Ghislain dut donc faire le nécessaire pour se procurer cet équipement essentiel. C'est ainsi qu'ayant constaté l'état de décrépitude avancée de ses raquettes, notre ami décida d'emprunter celles de sa conjointe Denise. Évidemment la grandeur des raquettes est tributaire de la taille de l'utilisateur. Celles de Denise étant de petit format, Ghislain décida de les essayer sur le lot des Desmeules, à travers la savane. En terrain plat et particulière-ment enneigé, Ghislain constata l'efficacité de ses raquettes à flotter sur cet océan blanc. Sur le chemin du retour, alors que la confiance était à son maximum et le pas rapide, notre aventurier mit soudain le pied dans ce qui semblait être un amoncellement de « saint-michel » (sapineux). Après un crac étouffé par la neige Ghislain disparut complètement. Ne restait à la surface de la savane qu'une calotte qui s'agitait dans tous les sens. On ne serait cru à Chûte-Savane lors de la construction du barrage. Notre ami venait d'être avalé tout rond par une cavité sous les branchages recouverts d'une mince couche de neige. Heureusement notre homme, imperturbable en toutes circonstances, garda son sang froid et se mit en mode solution. D'abord coincé et presque incapable de bouger, il se mit à faire des torsions, à se pousser avec les pieds entravés par les raquettes, à enlever de la neige avec les mains et même en avaler un peu. Après 5 minutes d'efforts intenses et une raquette en moins, Ghislain finit par se hisser à la surface, tout en sueur, épuisé d'avoir gigoté comme un saumon qui remonte une rivière.

Jusqu'ici on faisait grand cas du jour de la marmotte pour prédire le printemps. Peut-être pourrions-nous lancer nos propres prédictions ici à Shipshaw en instituant le jour à Ghislain. Verra-t-il son ombre en sortant de son trou?