À quelque chose malheur est bon!
Linda Côté de la route Coulombe ne donne pas seulement des cours de peinture, elle nettoie aussi des peintures, à l'eau et au savon: surtout celle de sa voiture. L'été dernier, profitant d'une magnifique journée, elle décide de troquer le pinceau pour le boyau et d'astiquer la bagnole. Comme elle est très en demande et que le téléphone sonne souvent, elle est toujours accompagnée de son «sans fil» quand il n'y a personne dans la maison.
Pendant les travaux, elle a fait suivre l'appareil en le plaçant distraitement à différents endroits pour ultimement le faire atterrir sur la vitre arrière de l'auto où il fut plus ou moins oublié. Loin des yeux loin du cœur comme on dit. Ainsi quand tout fut ramassé ou presque, notre amie profita de sa rutilante auto pour aller en ville faire quelques emplettes et se pavaner un peu. Sans doute la fierté du devoir accompli. De retour à la maison, le téléphone fixe sonna et Linda chercha à répondre sur son «sans fil» mais ne le trouva pas. Après avoir raccroché, elle fit des recherches plus intensives qui impliquèrent Émile son conjoint. Mais de téléphone... point. - C'est alors que le souvenir de l'avoir laissé à l'arrière de la voiture l'envahit comme la misère sur le pauvre monde. «Ça y est, on le retrouvera pas! Il peut être n'importe où comme nul part. Bonne mère de maudite «marde»! C'est ça quand on n'a pas de génie.» La situation, c'est le cas de le dire, était sans appel.
Comme un malheur n'arrive jamais seul, quelques semaines plus tard, Linda, qui avait beaucoup d'invités parmi ses élèves, sentit le besoin de prendre des photos-tablette avec son i-pad. Après plusieurs clichés où à peu près tout le monde pouvait reconnaître sa binette, Linda, dans un mouvement des plus « naturels », déposa sa tablette sur le toit d'une des nombreuses voitures qui avaient envahi le terrain. Et ce ne sera que la nuit tombée et les invités tous «décampés» que Linda demanda nonchalamment à Émile où était son i-pad. Émile, toujours laconique dans ses réponses lui lança : «L'ai pas vu!» C'est à ce moment précis que la lumière fut. «Je l'ai laissé sur le toit d'une auto, merde, comme le téléphone. Je me dompte pas Schit! Émile prends une lampe de poche et va voir sur la pelouse et le bord du chemin; des fois.»
Le brave Émile s'exécuta mais revient bredouille. Cependant il se reprit le lendemain, de clarté, et se rendit même dans le fossé. Pas chanceux, il n'y avait pas l'ombre du début, du commencement d'une tablette. Mais chanceux, il retrouva le téléphone «sans fil» perdu quelques semaines plus tôt. Pas chanceux ce dernier ne donnait plus signe de vie mais chanceux une recharge régla le problème. Là, Émile se demande s'il ne devrait pas perdre d'autre chose pour retrouver la tablette.
C'est Boileau qui disait : «Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage. Polissez-le et le repolissez sans cesse.» À suivre, peut-être.
Noël avant le temps
En octobre dernier, j'en ai beaucoup appris sur mon ignorance. N'ayant jamais connu de problèmes graves de santé, j'ai été confronté au pire. Après une opération au cœur à l'hôpital Laval, pour des problèmes d'arythmie, j'ai été étonné de mon rétablissement très rapide. C'est une hospitalisation d'un jour seulement. J'ai été renversé également de la complexité et du haut degré de planification de l'hôpital pour prodiguer les bons soins au bon moment en tenant compte de la réalité de chaque patient.
Tout se passa super bien jusqu'à ce que je fasse une embolie pulmonaire 11 jours plus tard, conséquence de la 1ère opération. J'ai vu la mort de près; c'est indolore. Mais le moyen «non choisi» pour y arriver fut extraordinairement souffrant et a nécessité 5 jours d'hospitalisation. Comme l'a si bien dit Christophe André : « Cette vie qui t'offense, cette vie qui continue, c'est celle qui sera ta planche de salut ». Dans l'Antiquité, le philosophe grec Socrate venait d'être condamné à mort par un jury démocratique de 500 Athéniens. Un de ses amies lui demande alors : « Que te sert-il d'apprendre à jouer de la lyre puisque tu vas mourir? » - « À jouer de la lyre avant de mourir », répond Socrate.
J'ai pu repenser également à cette petite fille qui se trouvait un jour devant un sculpteur en train de buriner dans le bois les traits d'un animal. Spontanément elle s'exclame : « Comment as-tu fait pour savoir qu'il y avait un lion là-dedans? »
Le cadeau de la santé m'est revenu. Je suis actuellement en embellie pulmonaire. Et comme disait Biornstjerne Bionson : «Mêle-toi à la jouissance de la vie… Enivre-toi de l'éternité de cette journée ».
Joyeuses fêtes donc à vous tous, chers lecteurs de la Vie d'Ici! Que le bonheur de la santé vous submerge de l'intérieur et qu'il rayonne sur tous ceux que vous aimez.