Le 21 novembre 2024
Volume 42, Numéro 9
Tomber en panne
Saviez-vous Que...

Tomber en panne

 

Au moment où j'écris ces lignes, Jean-Pierre Asselin et son épouse Céline Beaumont se font dorer au chaud soleil de la République Dominicaine. Non Jean-Pierre ne s'est pas enfui dans l'hémisphère austral pour échapper à quelques mauvais pas ; c'est ce que suggère la version officielle. Mais qu'en est-il dans les faits? 

Comme tout le monde le sait, Jean-Pierre assume avec brio la conciergerie du Centre Multiservice. « Brio » est le terme juste puisque, grâce à ses bons services, son efficacité, son empressement, son énergie extraordinaire, son sens inné de la propreté et de l'ordre, tout reluit du plancher au simple robinet. Son travail est vraiment impeccable et son dévouement et sa jovialité ne cessent de nous étonner. Le duo qu'il forme avec sa conjointe est un atout et une fierté pour l'équipe de direction et pour la municipalité. 

L'anecdote que je veux rapporter et dont notre ami ne s'est pas vanté, s'est passée au début de février. Sa mère, madame Françoise Tremblay (Asselin) qui vit encore dans sa maison, avait lancé un appel familial dans le but de repeindre sa chambre. Comme les liens familiaux chez les Asselin sont tricotés serrés, Jean-Pierre, son frère Bernard, leur sœur Monique et son conjoint Jacques Letendre ont répondu présents. Après avoir vidé la chambre et les 2 garde-robes, ce qui n'est pas une mince tâche, nos peintres du dimanche sortent les pinceaux, rouleaux, pannes et pots de peinture. Après avoir étendu des grands cartons sur le plancher Jean-Pierre prend d'assaut une des garde-robes. Juché sur l'escabeau, il fait le découpage du plafond au pinceau pendant que Jacques repeint les murs au rouleau. La panne dont il se sert vient d'être remplie du soyeux liquide gris-bleu pâle et a été déposée au pied de l'escabeau. Comme il fait chaud dans les recoins de la penderie et que Jean-Pierre avait terminé la partie haute, il descendait les marches de l'escabeau de reculons comme faire se doit. 

Parvenu au dernier échelon, madame Françoise, qui a suivi la manœuvre pousse un cri : « Non, arrête, Jean-Pierre! » Trop tard notre ami met finalement le pied par terre mais dans la panne de peinture. Comme il a atterri sans ménagement et de tout son poids dans le précieux mélange, la peinture a giclé dans tous les sens, colorant ses souliers, ses bas, ses pantalons, son gilet et une bonne partie de son anatomie. 

La scène était spectaculaire : c'était du Salvator Dali, un tableau vivant aux allures ultramodernes. Évidemment l'effet de surprise passé, tous ces artistes du pinceau rigolèrent un bon coup, surtout quand Jean-Pierre se retrouva en bobettes dans le milieu de la chambre, dégoulinant de sa nouvelle pigmentation. 

Seule une bonne douche put redonner ses couleurs d'origine à notre ami. Quand à ses vêtements un adieu fut nécessaire. 

Morale de cette histoire : Tomber en panne peut à l'occasion colorer votre existence. Un voyage dans le Sud aussi. 

Au deuxième degré 

Ma sœur Marjolaine, qui demeure à Québec, nous gratifie de sa présence environ une fois par année. Le véhicule qu'elle utilise avoisine le demi million de dollars : il s'agit d'un autobus Voyageur. Cette fois-ci la 5e de la famille est débarquée chez la 7e, soit notre sœur cadette Sylvie. Cette dernière est un véritable cordon bleu, ce qui bien sûr ne gâche pas la sauce. Déjà dans sa tendre enfance, 8 ou 9 ans, Sylvie suppléait à notre mère souvent débordée, en nous concoctant des desserts hallucinants. 

Comme tout maître de cuisine qui se respecte, Sylvie possède une cuisinière au gaz, ce qui demeure toujours une rareté dans nos arpents de neige. 

Ce matin-là donc, Marjo, après une bonne nuit de récupération, se pointe dans la cuisine en pyjama. Sylvie a déjà commencé les manœuvres pour le déjeuner. Marjo accepte un verre de jus d'orange qu'elle sirote debout, adossée à la cuisinière au gaz. À sa 3e gorgée voilà qu'elle lance: «C'est drôle mais on dirait que le dos me chauffe tout d'un coup.» Sylvie comprend immédiatement ce qui se passe. Elle se précipite sur sa sœur pour découvrir que le dos de son pyjama est en feu. À l'aide d'une assiette à tarte, elle joue au pompier mais en même temps elle est secouée par les convulsions d'un fou rire incontrôlable. En effet ses efforts d'extinction se traduisent par une pluie de morceaux de pyjama calcinés qui tombent par terre laissant un trou béant tandis que l'incendiée sur le bout des pieds trépigne et exécute une danse mohawk. Un pyjama troué (1e degré), une camisole noircie (2e degré) et une peur bleue, telle est la résultante d'un rond de poêle actif, d'une posture passive un peu trop rapprochée du danger et de la rapidité d'intervention d'une pompière volontaire. 

Morale de cette histoire: malheureusement certains pompiers (rare) sont des pyromanes. Ils aiment éteindre les feux qu'ils ont eux-même allumés et même en rire. 

N.B. Marjo songe à raréfier un peu plus ses visites.