"Y" en manquait une
Un vieil adage affirme que chaque humain est à 7 ou 8 personnes près de connaître l'ensemble de l'humanité. Pensons seulement à toutes les personnes qui constituent notre famille proche ou élargie: grands-oncles, petits cousins, arrière-grands-parents et à tous ceux qu'ils connaissent et ainsi de suite. C'est exponentiel. Nous sommes tous reliés et cela va au-delà des continents.
C'est ainsi que l'été dernier, alors que nous cheminions de surprise en surprise et de beauté en beauté sur la route de l'Acadie au N.B. , Rolande et moi, constations avec délice comment la météo nous avait été favorable jusque -là. Un gros nuage noir, droit devant, semblait toutefois nous contredire. Mais aucune pluie pendant 2 bonnes heures jusqu'à ce qu'on arrive au village de Petit-Rocher. À cet endroit précis, il était tombé des cordes. Tout était mouillé et de longues flaques d'eau en témoignaient. Passé Petit-Rocher plus rien; tout était sec, pas une goutte.
Une de nos vieilles amies, aujourd'hui décédée, était native de ce petit village acadien. J'aurais aimé m'informer pour savoir si elle avait encore de la parenté dans le coin mais ni moi, ni Rolande ne se souvenaient de son nom de famille. Nous l'avons toujours appelé Margot Couture du nom de Roger Couture, son conjoint.
Après avoir laissé derrière nous cet endroit magnifique, Rolande a très rapidement découvert sur internet que Margot était une Godin. Trop tard. On file toujours, sans pluie, jusqu'à Cambelton où on s'arrête pour la nuit.
Après le souper, nous sommes allés marcher sur la promenade aménagée le long de la mer. Le 1er couple que nous rencontrons promenait un petit chien que Rolande n'a pu s'empêcher de flatter."Y est ben beau: etc..." Comme les maîtres nous répondaient en français, la conversation s'est enclenchée naturellement.
- "y fait beau tout le temps" qu'il me dit.
D- "Oui, sauf à Petit-Rocher, il y est tombé toute
une rincée", que je lui réponds.
- "Ah! Petit-Rocher, je suis natif de là justement
moi-même", qu'il s'empresse de me dire.
D- "Ça alors, une de nos vieilles amies venait de
là aussi, Quel hasard! Elle, c'était une Godin."
- "Ben tu parles d'un adon, qu'il me répond, je
suis un Godin moé itou".
D- "J'ai mon voyage. Vous l'avez peut-être connue, elle s'appelait Marguerite (Margot pour les amis)."
- "Non, c'est peut-être parent mais plus vieux que moi. Ma mère le saurait sûrement, elle a 94 ans. Sais-tu le nom de son père à c'te Margot?"
D- "Malheureusement non."
La rencontre et les rapprochements se sont arrêtés là, chaque couple reprenant sa marche. Une fois rendus à l'hôtel, ça pris 2 minutes sur le cellulaire pour trouver le nom du père de Margot. Trop tard hélas.
En soirée j'évaluais les chances que j'aurais, moi de Shipshaw au Québec, de rencontrer à Cambelton au Nouveau-Brunswick à telle heure précise, à tel endroit, un individu totalement inconnu qui connaîtrait la même personne que moi. Pourtant c'est arrivé. Les liens qui unissent les humains entre eux vont dans toutes les directions de l'espace et du temps. C'est fabuleux.