Au-delà de la dinde, de la crèche ou de la messe de minuit, s'il y a une seule tradition du temps des fêtes que j'aimerais vraiment transmettre à mes futurs et hypothétiques enfants, c'est la programmation du Ciné-cadeau de Télé-Québec.
Pour moi, c'est clairement le moment télévisuel le plus attendu de l'année. Ça peut paraître ana-chronique à notre époque. Je pourrais facilement visionner n'importe quel Tintin ou Lucky Luke sur le web, mais il y a quelque chose du domaine spirituel dans l'idée de visionner un morceau de la culture du siècle passé, au même moment et en communion avec une partie des Québécois.
Évidemment, c'est surtout les aventures d'Astérix et Obélix que j'attends impatiemment. Mes parents étaient déjà fans de l'univers du petit héro «Gaulois» avant ma naissance et j'ai grandi en écoutant et en lisant religieusement ses aventures. Roger Carel, le comédien qui double la voix d'Astérix (mais aussi de C-3PO et de Winnie l'ourson) depuis le tout premier dessin animé en 1967 a occupé une place toute particulière dans mon enfance. Aujourd'hui, le plaisir est plutôt de réentendre ces répliques que je connais par cœur pour avoir visionné les dessins animés au moins une cinquantaine de fois chacun. Astérix et Obélix ont occupé une place si importante dans mon enfance et dans mon inconscient que j'irais jusqu'à dire que c'est en grande partie ce qui a forgé mon identité citoyenne à bien des égards.
C'est qu'elles avaient l'immense qualité –qui semble maintenant disparue de l'univers des émissions pour enfants- d'intéresser les petits et les plus grands. Ce n'était pas une création formatée «aider au développement de l'enfant» ; il y a de belles valeurs de solidarité et d'entraide, mais également un peu de violence et certains problèmes à devoir composer avec elle. Bref ça traduisait la réalité de la vie.
Pour moi ça été un pont entre l'enfance et l'âge adulte parce qu'on y trouve quelque chose de plus profond et plus honnête que du simple divertissement. Même quarante ou cinquante ans après leur première diffusion, ces histoires demeurent toujours d'actualité. Elles contiennent des réflexions à poursuivre et des valeurs plus que jamais d'actualité.
Même si dans un sens Télé-Québec doit se tirer dans les pieds en offrant essentiellement la même programmation des fêtes année après année, moi j'y tiens à mon ciné-cadeau traditionnel.
Ciné-cadeau, avec ses Astérix mais aussi avec ses Lucky Luke et ses Tintin, ça me rappelle une époque (que je n'ai pas vécue) où le Québec était à la fois bien conscient de son caractère européen et, par la force des choses, tourné vers la France, mais également très ouvert sur les cultures étrangères. C'est peut-être qu'ayant une identité plus forte, ça nous permettait de moins douter sur ce qui fait de nous des Québécois et ainsi de moins nous sentir déstabiliser par l'immigration. Tout ça grâce à Astérix évidemment.