Prise de photo et imbroglio
Ça doit être l'âge
Tirée tout droit des contes à dormir debout, je vous propose la séquence des événements d'une opération fort simple au demeurant, celle de prendre une photo. À notre rencontre d'avant Noël, l'équipe de La Vie d'Ici m'a confié la mission de photographier la personne parmi nos membres qui gagnerait le tirage au sort de Noël. Le prix en question consistait donc pour la personne gagnante à aller choisir une des œuvres artisanales de Mme Esther Jones à son atelier. Le journal fournissait 25$ à l'acquisition de l'œuvre et Mme Jones comblait la différence de coût. C'est donc Mme Karen Tremblay que le sort favorisa lors du tirage. Comme nous étions très près de la date de tombée pour finaliser le journal, je décidai d'agir vite.
C'était un vendredi, en fin d'après-midi et il faisait déjà noir. J'appelle donc Mme Jones pour l'informer que le tirage était fait et lui demander si on pourrait aller prendre une photo d'elle avec la gagnante et son choix de cadeau. "Pas de problème, je vous attends." Heureux de cette première réponse, je fais un autre appel, celui-là à Mme Karen Tremblay. Je lui apprends qu'elle a gagné notre tirage, lui explique en quoi il consiste et lui demande si elle serait prête tout de suite à aller chez Mme Jones pour finaliser l'opération et prendre une photo pour le journal.
Karen- Ben là je suis déjà en pyjama mais je vais me rhabiller.
Denys- Où demeurez-vous à Shipshaw?
Karen- Sur la route Brassard.
Denys- C'est parfait, Mme Jones aussi.
Karen- Où exactement.
Denys- La maison avant chez Jean-Eudes Déry, du même côté.
Karen- Je sais où reste M. Déry.
Denys- On se retrouve là-bas alors.
Karen- Donnez-moi quelques minutes. On se retrouve là-bas."
Je raccroche, prend l'appareil photo et me dirige vers la route Brassard en auto.
J'ignorais où restait Mme Karen mais en passant devant une résidence, je vois une dame sortir de chez-elle, démarrer sa voiture et curieusement prendre la même direction que moi. Arrivée chez Mme Jones, j'entre dans la cours et la voiture me suit toujours. J'étais rassuré, tout arrivait à point.
Une fois sorti de mon auto, je vois Mme Karen baisser sa vitre et elle me dit qu'elle allait m'attendre dans la voiture. Je trouve ça étrange, pensant qu'elle me laissait reconnaître les lieux sans doute.
Comme il était impossible de passer par en avant à cause de la neige, je me rends à la galerie arrière et j'arrive devant une grande porte patio et je vois Mme Esther et son mari qui sont à table en train de souper. Comme elle m'attendait, j'entre sans frapper, les salue, pose l'étui de caméra par terre et commence à ouvrir mon manteau. Comme ils n'avaient pas quittés la table et qu'ils semblaient tous deux interloqués, presque figés, je me surpris moi-même à avoir un doute sur l'identité de Mme Jones. Je l'ai toujours vue blonde alors que cette dame avait les cheveux plutôt foncés.
Sentant vraiment la soupe chaude, je demande presque étouffé: "Êtes-vous Mme Esther Jones?"
La dame- Non. Je m'appelle Mireille et je travaille au dépanneur. Vous me reconnaissez pas? Mon mari s'appelle Jeannot Pedneault.
Denys- (livide, presque sans voix): Je me suis trompé de maison
!Mireille- Oui Esther reste dans la maison voisine.
Denys- Excusez-moi, je suis vraiment désolé.
Mireille- On se préparait à vous inviter à souper. Pas grave.
C'était le temps que je reprenne contact avec l'hiver, car j'étais entrain de fondre à l'intérieur, tellement j'étais gêné de la méprise.
Dehors Karen m'attendait toujours dans l'auto. Elle semblait savoir que Mme Jones demeurait dans la maison voisine. Tant qu'à être le dindon de la farce, autant que ce soit dans le temps des fêtes.
1- En novembre, au cinéma pour voir le film "Pieds nus dans l'aube"
- Préposée à l'entrée: "Vos billets s'il-vous-plaît!
- Denys à la préposée: On est-tu obligé de se déchausser pour entrer dans la salle?"
2- Avant les fêtes, le département des fruits offrait les grenades à 2,50$ chacune. On pourrait sans doute dire que les prix ont explosé.