Les oies de Lorenz se font canards de Karine
Il est de notoriété publique que l'éthologue Autrichien Konrad Lorenz ait été le premier à percer un des grands secrets des volatiles : oies, canards et oiseaux en général. Il a défini ce comportement de ses oies par le principe d'imprégnation. C'est-à-dire que les oiseaux dès leur éclosion font une fixation très puissante sur le premier être qu'ils voient à leur naissance. Il s'agit normalement de leur mère, mais cela pourrait être aussi bien un être humain ou même un objet en mouvement tel un ballon. En découle un comportement d'attachement qui les amène à suivre systématiquement leur mère ou ce qu'ils croient être leur mère. L'an dernier, Karine Girard de la rue des Framboisiers a décidé de peupler son poulailler de canards plutôt que de poules; ceux-ci quand ils sont en liberté dans la cours se contentant de déguster des larves, des vers ou des insectes alors que les poules font des trous partout.
Elle s'est donc présentée à un couvoir pour faire l'achat de 2 canards. À peine éclos, elle se pencha vers 2 oisillons de la race «coureur indien» qui, sans qu'elle ne s'en doute, la prirent définitivement pour leur mère. Aujourd'hui adultes, Rocky le mâle et Canam la femelle manifestent de mille manières leur attachement sans réserve à Karine.
En voici quelques exemples :
Quand Karine sort dans la cour et les siffle, elle les retrouve immanquablement au garde à vous derrière la porte du poulailler.
Où qu'elle aille, s'ils sont dehors, ils marchent derrière elle, la tête haute. Parfois l'été, elle les amène au ruisseau pour qu'ils fassent leurs ablutions. Elle les observe quelques minutes puis file à l'anglaise, les laissant à leurs ébats. Elle n'a pas fait 20 pas qu'ils sont tous les 2 sur ses talons.
Quand elle est dans la maison, les oiseaux la cherchent. Ils montent sur la galerie et regardent par la porte-patio ou, s'il y a de la lumière au sous-sol, ils s'étirent le cou devant la fenêtre pour faire du repérage.
L'été lors d'un feu de camp dans la cour arrière, Karine doit prendre des précautions pour se lever car le duo à plumes est déjà bien installé sous sa chaise.
Quand Karine revient du travail en auto, elle est automatiquement détectée par le radar de nos 2 anatidés qui se précipitent vers la voiture en courant ou en volant bas. Une manœuvre d'urgence s'impose alors, sinon c'est la casse.
Karine a également un gros chien noir de race Brack d'Auvergne, qui lui est entièrement dévoué et qui est considéré comme un chien de chasse aux canards. Qu'à cela ne tienne, les deux canards ont depuis longtemps mis au pas ce gros bonasse. Évidemment ils ne s'aiment pas et les canards pincent régulièrement le chien avec leur bec.
Quand Karine est dehors avec le chien et qu'il la suit de trop près, les canards s'interposent férocement pour que Youky reste en arrière et ferme le cortège.
Une fois Karine a été obligée d'intervenir dans une altercation chien-canard. En effet un des canards avait saisi l'oreille du chien et ne la lâchait pas. Elle avait elle-même saisi le canard et celui-ci tenait toujours le système d'audition du chien à plein bec. Comme moi vous imaginez la scène, surréelle.
Pour conclure, disons que le principe d'attachement de Lorenz joue maintenant dans les 2 sens puisque Karine aime bien ses petits protégés et, sans les considérer comme ses enfants, elle en prend grand soin et ferait tout pour leur éviter la casserole.