Le 24 April 2024
Volume 42, Numéro 5
En première ligne pour qu'on ne manque de rien
Reportage

En première ligne pour qu'on ne manque de rien

Depuis quelques mois, bien des choses ont changé.  Subitement, plusieurs de nos habitudes ont été chamboulées.  Nous avons dû modifier certains de nos comportements pour faire face à cette nouvelle pandémie, le Coronavirus.  Chaque jour, ils sont plusieurs à se rendre au travail, certains pour nous soigner d'autres pour assurer notre protection ou nous fournir la nourriture dont nous avons besoin. Ce sont des services essentiels. 

Le Journal d'ici a recueilli le témoignage d'une personne qui joue un rôle indispensable durant cette période difficile, Francine Tremblay une résidente de Shipshaw. Francine travaille à L'inter-Marché de St-Ambroise depuis 19 ans.  Elle a accepté de nous partager son expérience.

Lorsque nous allons à l'épicerie, nous devons maintenant faire preuve de patience, accepter d'attendre dans la file, nous laver les mains, respecter les règles de distanciation sociale; ce n'est pas toujours facile d'accepter de perdre sa liberté.  Francine doit elle aussi composer avec tous ces changements en jouant un rôle de première ligne.

Qu'est ce qui est différent maintenant?

C'est très différent, c'est un service essentiel et il faut faire respecter les consignes aux clients.  Même s'il y avait déjà une routine de nettoyage, il faut dorénavant laver, laver, laver. 

Heureusement notre épicerie avait rénové ses installations; il y est donc plus facile de faire respecter les règles d'hygiène. Nous avons à l'entrée un évier avec de l'eau chaude et du savon, c'est plus simple pour les clients. Les horaires ont changé, nous devons maintenant fermer plus tôt parce qu'il faut tout désinfecter à la fin de chaque journée. 

Est-ce que les clients ont eu de la difficulté à accepter les nouvelles règles?

Pas vraiment, à l'exception d'une personne, les gens ont accepté les nouvelles règles. 

Qu'est-ce qui a changé dans vos fonctions au quotidien?

Il y a plus de stress; à titre d'exemple, dans le passé on a toujours préparé des commandes d'épicerie pour nos clients. Je préparais environ 15 commandes par semaine alors que maintenant je prépare 40 commandes par jour.  Les clients ne viennent plus chercher leur épicerie, ils préfèrent rester à la maison. Ils entendent les consignes du gouvernement à tous les jours de demeurer chez eux et ils les respectent.  Leur commande d'épicerie est livrée à l'extérieur sur la galerie. Il y a deux manières de prendre les commandes d'épicerie : par téléphone et sur Internet. C'est ma nouvelle réalité; je débute à 8 h le matin et je termine à 16 h.  Nous sommes cinq employés à répondre et à préparer les commandes des clients.  On veut offrir le service et les clients sont reconnaissants; ils nous disent merci, vous travaillez fort.  

Depuis le début de la pandémie nous accueillons beaucoup de clients que nous ne connaissons pas; c'est plus facile pour eux de venir chez nous et nos patrons se débrouillent très bien. Ils travaillent très fort pour trouver les produits dont les clients ont besoin. Par contre, les clients doivent prendre ce dont ils ont besoin et sortir rapidement pour ne pas engorger l'épicerie.  Leur attitude a changé, ils sont plus inquiets. 

Comment vivez-vous cette expérience entre vous?

Ça va bien, par contre nous ressentons une lourdeur sur nos épaules.  Il faut faire attention à nous-mêmes pour ne pas être malade; il faut gérer notre stress.  Nous devons travailler en équipe; nous sollicitons souvent les personnes qui travaillent dans la boucherie à cause des nombreuses commandes téléphoniques et des besoins spécifiques des clients.  J'ai ma routine: à tous les matins je les salue et à la fin de la journée je les remercie pour leur patience. 

Le matin on se dit'' GO ''j'y vais mais à la fin de la journée on espère ne pas retourner à la maison avec le virus. 

Quel moyen as-tu trouvé pour décrocher lorsque tu arrives à la maison?

Je fais de la généalogie; j'ai sorti des vieilles photos et je prépare un album pour un membre de ma famille. 

Qu'est-ce que tu vas retenir de ton expérience?

C'est quand tout est terminé que l'on se rend compte du travail accompli. Tout le monde travaille fort.  Ce que l'on vit n'est pas facile, cela prend de la patience.  On sait que l'on va s'en sortir mais c'est difficile.  Je me réveille parfois la nuit et je me demande si tout a été fait correctement à mon travail et j'espère n'avoir rien oublié. 

Je suis contente d'aller travailler, je vois du monde, je ne suis pas isolée.  On n'attend pas après les remerciements mais nous en recevons beaucoup.  Nos patrons nous remercient sur les réseaux sociaux; nous sommes des anges gardiens pour eux et nos clients. Même si le client ne reçoit pas précisément ce qu'il a commandé, il nous dit que ce n'est pas grave et qu'il va s'organiser avec ça. 

Pour respecter les nouvelles règles de distanciation sociale, on a installé des panneaux Plexiglass. J'ai fait comme un oiseau qui se cogne dans une fenêtre et on m'appelle maintenant le geai bleu. 

Enfin je dirais comme tout le monde '' ça va bien aller''. 

Merci Francine pour ce témoignage et merci à tous ceux et celles qui font en sorte qu'on ne manque de rien.