Le 19 April 2024
Volume 42, Numéro 5
Opinion

La bienséance ou le devoir de s’assoir avec des pas-propres

L'autre jour, je lisais un article portant sur la tempête académique lié à cette professeure de l'Université d'Ottawa qui a utilisé l'infâme mot commençant par un « n ». Et je ne parle pas du mot «natif» même si je suis sûr que les étudiants du Cégep de Jonquière emploient toujours le terme dans le même sens. 

La prof d'histoire de l'art en question, Verushka Lientenant-Duval, a eu l'occasion de s'exprimer à Tout le monde en parle et je pensais en parler dans nos pages de La Vie d'Ici. 

Quelques jours plus tard, l'auteur Dany Lafferière a déclamé une excellente chronique au micro de Joël Le Bigot (Radio-Canada) où il a prononcé le mot commençant par « n » - et je parle pas de nono – à peu près vingt fois en trois minutes. 

Puis je me suis dit bof, il y a d'autres choses à dires plus importantes pour gaspiller ma chronique mensuelle là-dessus. Kossé j'ai à dire d'intelligent là-dessus? 

Et il y a quelques jours au début novembre, Radio-Canada s'est inventé un scandale en retirant un épisode de la Petite vie dans lequel apparaissait Normand Bratwaithe puis en remettant l'épisode, non sans y avoir ajouté des mises en garde. 

Et c'est là que je me suis dit : oupelaille! 

En fait le premier mot qui me vient en tête lorsque je pense à ces situations, c'est « bienséance ». Et deux secondes après, je pense à Plume Latraverse, pour sa chanson – et sa carrière – autour de cette notion qu'il sembler détester. 

La bienséance, dans le sens de bien se conduire, d'être tout propre de sa personne et de ses idées. L'importance d'avoir des propos et des idées lavées à l'eau de Javel. 

Et je me dis qu'en ces temps troubles, il est dangereux de se construire un cocon confortable autour de soi et de ne fréquenter que ceux avec qui on partage les mêmes idées. 

Je pense aussi à Rosa Parks qui en décembre 1958 a pris la décision de s'asseoir dans la section « blanche » d'un autobus à Montgomery en Alabama. D'aller se frotter aux intolérants et affronter un système raciste. 

La meilleure façon de changer le monde, c'est d'aller s'asseoir avec les pas-propres, les trumpistes, les réacs, bref ceux qui pensent différemment. 

Et ce n'est pas parce que ces lois ouvertement racistes n'existent plus que le monde est un meilleur endroit pour vivre. C'est que l'intolérance se range parfois derrière la bienséance et qu'un changement de lexique n'est pas suffisant pour changer les esprits. 

Vous avez des idées? Tant mieux! Mais c'est seulement en se frottant à ceux qui pensent exactement le contraire qu'on peut faire avancer une cause. 

Et, s'il vous plait, choisissez mieux vos cibles! Une prof d'histoire de l'art et la Petite vie?

Je pense qu'il y a des dossiers plus grave en matière d'intolérance. 

Là-dessus, Mangeons du bon ragoût, c'est un mets bien de chez nous.