Un cas de «figure» qui marque les anales
En avril dernier, Micheline (un nom fictif) quitte son village avec son conjoint pour se rendre à Chicoutimi-Nord faire l'épicerie hebdomadaire. Loin de chez-elle, notre amie a toujours une petite crainte car elle prend des pilules pour les intestins, une lutte âprement menée contre la constipation. On ne sait jamais…
Une fois à l'intérieur de l'épicerie, comme faire se devait, à mesure que les denrées remplissaient le panier, son intestin se remplissait aussi et manifestait un certain agacement. Vers la fin, comme un barrage en trop plein à la crue des eaux, les forces rectales furent poussées à la limite du supportable. Enfin parvenue à la caisse, Micheline demande s'il est possible d'aller à la salle de bain, affirmant avec une immense sincérité qu'il s'agissait d'une urgence absolue.
La réponse tomba, glaciale. La caissière lui lança que la salle de bain était strictement réservée aux employés. C'est une toilette qui ne reconnaît que le derrière du personnel. Un système d'exploitation de la ressource qui est informatisé et qui utilise la reconnaissance «fessiale». Abasourdie par le degré d'empathie et de gentillesse de son interlocutrice, Micheline prit un raccourci. «Gardez mon panier je vais revenir plus tard si Dieu le veut». Toujours accompagnée de son mari qui lui aussi se «retenait» pour ne pas «péter» les plombs, Micheline se précipita hors de l'enceinte, le corps raide et les fesses serrées. Tous deux sautèrent dans l'auto et filèrent vers le garage le plus proche, convaincus d'y trouver âme plus charitable. Malheureusement, la réponse fut la même. Pandémie, pas d'amis, notre sinistrée "essuya" un nouveau revers. Pourtant les garagistes sont habitués aux problèmes de tuyau d'échappement, de pneus sur les fesses, de «backfire» ou encore aux odeurs de cambouis. Sur le point d'appeler 9-1-1-, Micheline s'exécuta finalement dans un sac d'épicerie qui, lui, a eu une vision du futur de ce qu'il transporte habituellement.
Notre amie eut finalement accès à une toilette publique mais trop tard; à la fin, la digue avait cédé avec un excès d'enthousiasme que seuls ses sous-vêtements ont été en mesure de saisir. Humiliée, enragée, désolée, elle dut nettoyer la base de lancement avec les moyens du bord. La boîte de «Kleenex», plus utilisée d'habitude pour soulager le haut du corps, fut appelée, elle aussi, à se vider de son contenu, mais c'était pour une bonne cause. Heureusement, notre naufragée, dans sa grande sagesse, avait une petite culotte de rechange dans sa bourse.
L'urgence étant résorbée, le plus grand désir de Micheline fut de retourner à la maison au plus sacrant. Mais il fallait d'abord récupérer et payer l'épicerie. Contre toute attente, son conjoint s'offrit pour le faire. (Blague) Pendant son absence, dans la voiture, notre amie reprenait son souffle et son rythme cardiaque normal; un immense soulagement aussi provenant des derniers remparts du côlon soit le rectum en amont et l'anus en aval. Dans son cas c'est vrai qu'il en avale pas mal par gros temps. Soudain le téléphone retentit. C'est sa fille qui appelle de chez-elle et qui demande à sa maman si elle peut aller prendre l'épicerie qu'elle a télécommandée. Pour une fois Micheline qui se sentait "vidée", n'avait vraiment plus "envie" de remettre ça. Mais elle écouta quand même son grand cœur.
Comme résolution notre amie a décidé, pour régler le problème à sa source, de ne plus manger. Même plus besoin d'aller à l'épicerie. La grosse paix.
La tradition de l'eau de source mise à mal.
Dans ma précédente chronique, je faisais mention de la traditionnelle cueillette de l'eau de Pâques puisée à même une source avant le lever du soleil. Malheureusement cette année, l'affaire est tombée à l'eau. En effet pour respecter la tradition, il aurait fallu enfreindre le couvre-feu qui se termine à 5h00 du matin seulement. Comme quoi l'eau et le feu font rarement bon ménage. À 1550,00$ dollars le litre, l'affaire était juste jugée.
Denys