Le 22 décembre 2024
Volume 42, Numéro 10
Opinion

Le dindon de la farce

S'il faut la noyer de sirop d'érable, lui mettre un thermomètre dans le derrière pour la cuire correctement et se référer à tout moment aux recettes de Ricardo ou de grand-maman pour éviter qu'elle ne soit trop sèche, c'est peut-être parce que finalement, la dinde, ce n'est pas si bon que cela. 

D'ailleurs, ce n'est pas une tradition internationale de manger une dinde pour Noël. Pour ma copine mexicaine par exemple, l'idéal serait une bonne morue.   

La dinde, c'est si questionnable comme viande que la plupart des gens n'en mangent qu'une fois par année. Il vaudrait peut-être même mieux l'éviter pour de bon et laisser ces pauvres bêtes en paix finalement. 

Il y a aussi des gens qu'on ne croise qu'une fois par année et qu'il vaudrait peut-être mieux éviter. Pas juste des dindes, toutes sortes de personnes. 

Et de plus en plus j'entends des gens dire ouvertement qu'ils n'aiment pas le monde. Qu'ils préfèrent la compagnie des animaux et d'une brochette limitée d'amis avec lesquels ils peuvent cracher sur le reste de la société. 

Il est très facile de renoncer à tolérer nos semblables et à être un humain potable. La voie de la facilité est de baisser les bras et d'arrêter d'être un homo sapiens tolérable, sous le prétexte que le reste du monde n'en vaut pas la peine. 

Les plus désagréables que nous croisons sur notre chemin sont souvent, à quelques exceptions près, ceux qui croient le plus fermement que ce sont les autres personnes qui sont problématiques. 

Mais moi je suis dans la catégorie des privilégiés car j'ai croisé plusieurs personnes précieuses en 2022: toutes sortes d'individus rencontrés dans des contextes différents. 

Il faut dire que j'ai la chance d'être impliqué dans plusieurs projets intéressants et de me promener un peu. Par exemple, entre le début et la fin de ce texte, j'ai traversé trois provinces canadiennes et roulé pas loin de 4 000 kilomètres en raison d'un bateau en retard, mais ça c'est une autre histoire. 

Dans cette catégorie des humains fréquentables, il y a ceux que nous croisons à des moments clefs et qui aident à poursuivre et il y a ceux qui sont présents année après année, solides comme des rochers. 

Je pense évidemment aux collègues et amis de La Vie d'Ici que j'aimerais saluer aussi chaleureusement que possible. Je voudrais surtout les remercier pour leur gentillesse, leur flexibilité et leur dévouement pour le journal.  

En plus de souhaiter la bonne année aux proches, je vous encourage aussi à remercier votre bénévole préféré, peu importe l'organisme. On oublie souvent l'immense contribution du travail bénévole au Québec. 

Au-delà des sous-sols d'église et des paniers de Noël, des services importants dont nous bénéficions tous reposent sur les efforts des bénévoles québécois. 

Comme résolution réaliste et tenable, vous pourriez vous engager à donner quelques heures par semaine à une cause qui vous touche. 

Vous croyez que vous n'avez pas le temps avec votre horaire chargé? Aujourd'hui, le bénévolat n'est plus seulement de se relever les manches et faire de la sauce à spaghetti; un organisme sans but lucratif pourrait par exemple bénéficier de votre expertise dans votre domaine professionnel. 

Il y a mille et une façon d'utiliser vos quelques minutes libres pour en faire bénéficier les autres et rencontrer d'autres humains qui en valent la peine. En décembre prochain, vous pourriez même éviter de magasiner et de cuire

une dinde et profiter de ces heures retrouvées pour faire du bénévolat! 

Bonne année 2023!