L'épidémie des sens
Comme chacun le sait, notre cerveau, si performant et extraordinairement bien adapté au réel soit-il, n'a qu'une façon de se développer, de connaître, de penser, de créer, de développer des relations affectives, d'interagir avec son environnement, et c'est par nos 5 sens. Laissé à lui-même, déconnecté, coupé du monde, le cerveau devient stérile, inapte à quoi que ce soit, même si c'est celui d'un génie. Entre le tout et le rien, des dangers bien concrets guettent nos super-sens tout au long de notre existence. Un enjeu épidémiologique qui gagne du terrain, malheureusement.
Nos 5 sens : vue, ouïe, goût, odorat, toucher se détériorent à vitesse grand V.
En être conscient constitue une étape importante pour la prévention.
Nous aborderons la problématique liée à chaque sens, mais commençons par l'OUÏE.
L'ouïe souffre des attaques multiples du bruit, qu'il soit agréable ou non. Selon L'ONU plus d'un milliard et demi de personnes souffriraient de déficience auditive plus ou moins sévère.
Les causes peuvent être diverses: infections, génétique, accidents, vieillesse, etc...
Mais le plus récent et aussi le plus dommageable ennemi de nos oreilles est la source sonore produite par les écouteurs des technologies numériques.
Le problème résulte d'une contrainte naturelle incontournable de notre appareil de capture des sons : le patrimoine auditif à la naissance est tributaire de plus ou moins 15000 cellules ciliées, qui captent les ondes sonores et les transmettent en impulsions électriques que le cerveau interprète comme étant des sons. Malheureusement ces cellules ne se régénèrent pas. Ce qui est perdu l'est à jamais. Les jeunes, souvent mal informés, sont particulièrement vulnérables. Les répercussions de ces agressions sur votre santé sont terribles sur le court et le long terme : acouphènes (bruit dans l'oreille sous forme de tintement, sifflement ou bourdonnement), réduction du sommeil paradoxal, augmentation du stress qui peut amener des maladies cardio-vasculaires, risques accrus de développer la maladie d'Alzheimer et le vieillissement du cerveau.
C'est sans parler des risques d'accident augmentés par la surdité, des difficultés à communiquer et socialiser, des diminutions d'acuité dans l'exercice d'une profession, du sentiment étouffant d'isolement et de perte de repères, etc.
Nous aborderons les dangers reliés aux autres sens dans de prochaines éditions du journal. En attendant, la vigilance est de bon aloi.
Pour plus de détails, voir (revue Science et Vie déc. 2022) p. 110 à 114.