L’épidémie de sens … le toucher
L'origine du déclin de nos sens correspond à l'entrée de l'espèce humaine dans l'anthropocène, débutée il y a 5000 ans mais qui a connu une accélération fulgurante depuis un peu plus d'un siècle. Nous sommes devenus la principale force de changement sur terre et conséquemment, suite aux dommages à l'environnement, tout le vivant est impacté, nous y compris. Ainsi nos sens paient le prix fort, mettant en cause: pollution atmosphérique, bruit, sédentarité, alimentation déséquilibrée, excès d'hygiène etc… Évidemment la génétique a sa part de responsabilité dans la problématique sensorielle mais notre confort de vie moderne occupe la 1e place.
« Le toucher disparaît sous trop d'hygiène. C'est l'un des paradoxes issus de nos modes de vie : certains soins de l'épiderme (cosmétiques, gels hydroalcooliques, lavages incessants…) entraîneraient une perte de sensibilité du toucher (hypoesthésie). Là aussi, la pollution atmosphérique serait impliquée. Nous avons l'habitude d'associer le toucher à nos mains, mais les récepteurs tactiles sont présents sur tout le corps. Les poils, par exemple, associés à des glandes sécrétrices, sont essentiels à la transmission des informations sensorielles. L'épilation répétée peut ainsi provoquer une inflammation du bulbe pileux et réduire les sensations. Par ailleurs, la tendance à tout stériliser favoriserait l'émergence de maladies telles que le diabète de type 1; or le surplus de sucre détériore les récepteurs sensoriels.» référence :
Revue Science et Vie no 1263, p. 114-115.
Pour conclure la dynamique et la complexité du toucher je vous suggère cette magnifique réflexion de Jacques Gagnon, ing. sur l'outil du toucher par excellence : la main.
« Pourtant la main, instrument de tous les moments, sert à tout. Sans elle, difficile de manger, de saisir, de s'appuyer, de sentir le froid, le chaud, le doux, le rude. Au bout du bras, elle exécute, elle exprime, elle protège. Belliqueuse elle frappe, voleuse elle fait main basse, baladeuse elle s'égare.
Instrument de tous les enchantements, elle peint, elle écrit, elle fait la musique. Sans les mains, la culture, l'art, la poésie n'existeraient pas. Les mains nourrissent la beauté, elles façonnent les œuvres, elles dansent. Elles font des signes, pour saluer, pour dire au revoir, en fait elles peuvent exprimer une infinité de subtilités.
Les mains travaillent et elles souffrent, deviennent gercées, sèches, durcies, rugueuses. Elles se mettent à la pâte pour pétrir le pain. Elles se battent pour applaudir, pour se défendre, pour s'agripper. Le cœur sur la main, elles tendent, elles donnent le coup de main. Les mains réunissent, elles sont la jonction des êtres, ce qui peut les unir.
Les mains bienveillantes de votre mère, de votre père, vos amies, vos amours rassurent et consolent. Elles soignent aussi car sans mains, pas de chirurgie, sans mains pas de soins, elles sont l'instrument essentiel avec la voix, elles vous parlent. Les mains apaisent et soignent sans même qu'on les prie. » (+IMAGEM).