Le 22 décembre 2024
Volume 42, Numéro 10
Saviez-vous Que...

Où va l’aiguille, le fil suit

Marylou Brassard, 12 ans, fait partie du corps de Cadets de St-Ambroise. Comme il se doit dans l'armée et ses écoles de cadets, l'uniforme doit être le même pour tous si on veut créer un esprit de corps. Il sert aussi à identifier le groupe et la place de chacun dans la structure hiérarchique. Au gré de l'évolution des cadets, des écussons de niveau peuvent être ajoutés sur la veste. 

Dans l'armée, rien n'est laissé au hasard. Le normatif pour les uniformes et l'ajout d'écussons est ultra précis, au centimètre près. Entre autres, les écussons et les insignes doivent être cousus avec soin, en utilisant un fil qui s'harmonise avec l'insigne et l'uniforme. Qui plus est, il faut que ce soit cousu à la main. Le hic, c'est que l'urgence de couture est élevée et malheureusement la maman de Marylou, Nancy Bernier, est au repos suite à une opération chirurgicale. 

C'est donc à la dernière minute, la veille, à 20 h du soir, que la petite-fille de Francine Tremblay se présente chez sa Mamie pour une exécution de couture séance tenante. Cette irruption à brûle-pourpoint, en aurait paralysé d'autres mais pas Francine qui est un peu va-t-en-guerre, toujours prête au combat, fût-il textile, surtout s'il s'agit de sauver l'honneur de sa petite cadette chérie. 

« À vos ordres mon capitaine ».

En deux temps trois mouvements, c'est le branle-bas de combat: fil, dé, aiguille, ne demandant qu'à foncer. La mission : coudre bien droit l'écusson sur la manche droite. Après une bonne demi-heure à suer sang et eau, à s'écorcher les doigts, à se taper une couple d'ampoules, ça y est, enfin. Le travail fut laborieux mais le résultat est impressionnant. Marylou est donc invitée à essayer la veste. En s'étirant, en forçant, en rageant, elle n'arrive pas à endosser la vareuse. Son bras ne veut pas passer dans la manche. Il y a « aiguille » sous roche et pas à peu près. Francine qui n'a pas de talent naturel pour repriser s'est trouvé à coudre l'écusson de bord en bord de la manche. Elle a cousu les deux côtés en même temps de sorte qu'il est impossible d'y introduire quoi que ce soit, même pas une broche à tricoter. «Ça pouvait ben être dur, nom d'un chien. Pas grave, décourage-toi pas, je découds et on recommence, dussé-je me coucher à minuit. » 

Après un rire commun tirant sur le jaune, Francine défait son ouvrage minutieusement et la voilà relancée. C'est sûr qu'étant pas mal moins épais, ce fut plus facile de faire avancer fil et aiguille. Dans un temps raisonnable cette fois, le travail fut terminé de façon à ce que le vêtement puisse être endossé facilement. «Ah ! non Mamie, tu l'as cousu sur la mauvaise manche». 

L'histoire s'est finalement bien terminé, c'est la maman de Marylou qui a réalisé l'impossible le lendemain. Quant à Francine, elle a battu un nouveau record: elle a été retirée de l'équipe après 2 manches.