Le temps est une donnée fondamentale de notre existence puisque nous y sommes plongés comme des poissons dans une rivière. Le temps qui passe nous est familier. «La fuite des secondes, des heures, des années nous lance dans la vie» (1) dès notre naissance.
Nous avons appris, au fil des millénaires à le mesurer en nous basant sur les cycles naturels de la terre, de la lune, du soleil. Après avoir vécu et identifié le grand cycle annuel de la terre (notre 1re horloge), celui des saisons et celui du jour, les humains en sont venus à raffermir leur compréhension des années, mois, jours, heures.
Du cadran solaire initial (gnomon), en passant par le sablier, les horloges de plus en plus sophistiquées, nous avons pu établir des calendriers pour planifier l'ensemble de l'activité humaine.
Personnellement, je suis toujours déconcerté et émerveillé à la fois, de voir qu'un millième de seconde peut dorénavant départager une première ou une seconde place aux jeux olympiques. Ce niveau de précision dans la vie quotidienne nous échappe totalement. Même le dixième de seconde passe inaperçu pour l'immense majorité des gens. Que dire d'une horloge atomique qui peut garder une dérive de moins d'une seconde tous les 30 millions d'années ?
Mécaniquement, on peut définir le temps comme ce qui est mesuré par les horloges.
Physiquement : le temps est perçu comme ce qui nous permet de différencier le moment d'avant du moment d'après. Historiquement, quand les sociétés étaient éparses et isolées, chacune mesurait le temps à sa façon : de sorte qu'en Égypte pendant qu'on était l'an 8 de la 13e dynastie, en Grèce on pouvait être en l'an 5 du règne de Périclès. À Rome c'était autre chose. L'ère industrielle étant lancée, on opta en 1885 pour diviser la sphère terrestre en 24 fuseaux horaires, ce décalage correspond toujours à la rotation de la terre par rapport au soleil. Ce n'est qu'en 1891, que le besoin d'unifier l'heure sur le territoire européen se fit sentir avec acuité. En effet, avec l'essor du chemin de fer, on se rendit vite compte qu'il était impossible d'organiser l'horaire des trains quand les heures différaient d'un pays à l'autre. En 1911, on adopta la journée divisée en 24 heures basée sur le méridien de Greenwich. Ça tient toujours.
Malgré cette homogénéité apparente, il y a encore une multitude de temps différents ici-bas mais également dans l'espace infini où le présent devient passé.
Exemple : si je regarde la lune au télescope à 11h A.M. l'image que je vois est celle de la lune à 10h59, puisque la lumière prend environ une seconde à franchir cette distance. Donc quand je regarde le ciel, je fais un voyage dans le temps d'autant plus grand que la source lumineuse que j'observe est éloignée. Le soleil que je vois disparaître à l'horizon est en réalité disparu depuis 8 minutes. La lumière de certaines étoiles qu'observe le télescope spatial James Webb peut être celle d'une étoile disparue depuis des millions d'années. C'est donc une image d'un passé très lointain.
« Les paroles que nous venons de prononcer, le temps, dans son vol,les a déjà emportées, et rien ne revient. » (2)
(1) L'Ordre du temps, 2018, Carlo Rovelli
(2) Les Odes » d'Horace (-65 à -8 av. J.C.)