Conduire un autobus, plus qu’un métier… une passion
Ginette Clément demeure à Arvida, elle est née à Jonquière. Elle est membre de l'AFÉAS de Shipshaw depuis deux ans.
Nous vous présentons son cheminement et surtout sa passion pour son métier de conductrice d'autobus scolaire.
Toute petite, Ginette rêvait de devenir infirmière ou de conduire un autobus. Son oncle qui était chauffeur d'autobus scolaire à Albanel alors qu'elle était enfant, a été une source d'inspiration. Déjà toute petite elle était fascinée par ce métier.
C'est à l'âge de 38 ans alors que Ginette vivait à Montréal qu'elle a pris la décision de retourner aux études afin d'obtenir son diplôme d'études secondaires, une décision qui fut déterminante. Elle avait toujours en tête de devenir conductrice d'autobus ou infirmière. A l'époque, il était difficile d'occuper un emploi d'infirmière, il y avait eu une grande réforme dans les services de santé. Elle opta donc pour le métier de conductrice d'autobus.
Pourquoi conductrice d'autobus? Pour plusieurs d'entre nous c'est un emploi exigeant et risqué. Ginette ne le perçoit pas de cette manière: «J'aimais la route, quand on est jeune on n'a peur de rien».
Pendant vingt ans, c'est dans la grande région de Montréal en milieu rural et urbain qu'elle a conduit des autobus scolaires transportant quotidiennement les élèves du primaire, de la maternelle, de la prématernelle et du secondaire.
Ginette se souviendra toujours de sa première journée de travail, le moment était venu de mettre en pratique toute la formation qu'elle avait reçue: vérification de son autobus, respect des règles de la sécurité routière et surtout la rencontre avec les enfants qui allaient devenir ses amis, sa passion.
Ginette reconnait que ce métier exige une grande souplesse, il faut accepter d'avoir des horaires de travail coupés; il faut être rigoureux et respecter un itinéraire bien précis. «Les parents nous confient leurs enfants». C'est une grande responsabilité de transporter des enfants à tous les jours et de s'assurer qu'ils reviennent à la maison en toute sécurité.
Conduire un autobus scolaire rempli d'enfants implique beaucoup de vigilance sur la route. Il faut composer avec des conducteurs qui ne respectent pas les règles de sécurité routière, adapter la conduite selon les conditions météorologiques, les tempêtes de neige imprévues, le verglas. «C'est la sécurité des enfants qui est la priorité».
Dans l'autobus de Ginette, il fallait se comporter correctement; elle a appris aux enfants à respecter les règles de conduite. Elle les éduquait afin qu'ils agissent correctement dans un autobus. «Lors de la première journée d'école lorsqu'un enfant embarquait dans mon autobus je lui donnais les consignes à respecter et les enfants m'écoutaient».
Au fil du temps, Ginette a appris à les connaître. Chaque enfant était unique. «Je connaissais leur prénom, je pouvais même deviner si quelque chose n'allait pas par la façon dont ils me regardaient. Parfois je recevais des confidences.» Exceptionnellement, elle a dû demander à des personnes ressources d'intervenir pour le plus grand bien de l'enfant.
Elle reconnaît qu'elle avait un plus de tolérance avec les tout-petits. «Ces enfants ont besoin d'être entourés».
Pendant cinq ans Ginette a conduit un autobus de transport adapté pour les enfants ayant un handicap. Il y a des exigences bien précises à respecter pour assurer le confort et la sécurité des enfants. Le midi, à l'école, plutôt que de retourner à la maison, elle prenait soin de ces enfants. «J'ai eu un enfant handicapé, je connais leurs besoins». C'est une expérience qu'elle a beaucoup appréciée.
La communication que Ginette avait avec les enfants dépassait largement les contraintes de son métier de conductrice d'autobus scolaire. Pour les personnes qui aiment les enfants comme Ginette les aime, c'est gratifiant de pouvoir s'impliquer dans tout le cheminement d'un élève. Pour plusieurs enfants la première personne qu'ils rencontrent le matin et le soir c'est leur chauffeur d'autobus. Les enfants ont besoin que tout soit en harmonie et Ginette le comprenait. «A chaque matin j'avais hâte prendre la route avec les enfants». On peut supposer que les enfants avaient eux aussi hâte de revoir Ginette.
C'est avec beaucoup d'humilité que Ginette raconte son plus beau souvenir. Alors qu'elle était conductrice d'autobus pour les élèves du secondaire dans une école privée, on lui a remis un bouquet de roses afin de souligner toute leur admiration. Ginette prenait tout simplement le temps de les saluer personnellement. Un geste significatif pour les élèves.
Depuis deux ans Ginette est de retour au Saguenay et elle a pris sa retraite. Elle conserve de précieux souvenirs de ce métier qu'elle a exercé avec passion. Encore aujourd'hui elle s'imagine en train de conduire un autobus scolaire rempli d'élèves. On peut dire qu'elle a été, à sa manière, une infirmière de cœur.
Si vous croisez un autobus scolaire rappelez-vous qu'il y a probablement d'autres Ginette qui ont à cœur la sécurité de vos enfants. Nous avons tous la responsabilité d'en faire autant.