Le 30 décembre 2024
Volume 42, Numéro 10
Opinion

Toujours en retard

Que ce soit pour me souvenir d'un rendez-vous, de mon âge ou du mois de l'année, j'ai toujours un problème avec la notion du temps. Si ce n'était des alarmes sur mon téléphone ou sur l'ordinateur, je serais perpétuellement en retard. Ne me demandez surtout pas combien de temps une tâche prendra pour être complétée. Il est fort probablement que je vous réponde dix minutes pour quelque chose qui prendra trois jours.

Et malgré tous les gadgets, parfois j'oublie des engagements importants. Prenez la semaine dernière par exemple, je me suis rendu compte en écoutant Paul Saint-Pierre Plamondon que j'étais en retard pour voter Oui au référendum de 1980. À peine une quarantaine d'années de retard. Parfois, il s'en faut de si peu.

Voyez-vous, PSPP (pour les intimes et ceux qui veulent éviter les virelangues) espère soumettre les Québécois à un troisième référendum à moyen terme. Cela présume que le parti Québécois soit élu en 2026 et qu'il ne renie pas son engagement d'ici là.

Pas une mince tâche, considérant que le support pour la souveraineté du Québec stagne dans les 35-40% depuis belle lurette.

Pour être honnête avec vous chers lecteurs, je n'ai pas terminé ma réflexion sur la question, n'étant même pas sûr d'être questionné en bout de piste. Au mieux, il s'agit de ma lecture vite fait des défis à relever pour PSPP et le PQ. 

Si l'enfer est pavé de bonnes intentions, il y a suffisamment de sondages sur la souveraineté pour repaver toutes les routes du Québec. Faites un tour sur le site web de l'agrégateur de sondages Qc125, vous verrez qu'entre janvier et mai 2024, les différentes firmes ont réalisé pas moins de six sondages sur la question.

Et au fil des dernières années, un constat se dessine : le support pour la souveraineté est plus élevé chez les plus âgés et plus bas chez les jeunes. Environ le tiers des jeunes de 18 à 34 se disent en faveur de l'indépendance, la moitié est contre et les autres indécis.

Petit rappel historique au passage: les Québécois ont été appelés à voter sur la question en 1995 pour la dernière fois. Il fallait évidemment avoir 18 ans, c'est-à-dire que toute personne née après 1977 n'a jamais eu l'occasion de voter sur la question de l'indépendance. Autrement dit, les plus jeunes électeurs du dernier référendum ont aujourd'hui 47 ans! 

C'est donc cette clientèle que PSPP doit séduire s'il veut atteindre le chiffre magique de 50%+1. Et les conseillers politiques du Parti québécois réfléchissent sûrement à ce qui a animé ces générations dans les dernières décennies.

Problème à l'horizon pour les péquistes: presque tous les mouvements sociaux des deux dernières décennies sont nés d'une volonté des jeunes québécois de prendre position sur des enjeux dépassant de beaucoup les frontières provinciales. L'altermondialisme du début 2 000, en passant par le mouvement écologiste, Idle No More pour les peuples autochtones et plus récemment la dénonciation des guerres en Palestine et en Ukraine. Même le Printemps érable de 2012, s'il s'agissait de dénoncer une politique du gouvernement Charest, faisait aussi écho aux mobilisations citoyennes au Maghreb, le fameux Printemps arabe.

Cela étant dit, le pari des souverainistes est de convaincre les jeunes de sortir du Canada et de ne plus pouvoir se prononcer sur ces enjeux par le vote au fédéral. Serait-il possible que les vieilles idées redeviennent plutôt d'actualité?

Ma prédiction est que la jeune génération actuelle, dont je fais moi-même parti, serait plus susceptible de voter Oui au projet politique de souveraineté-association tel que présenté par le référendum de 1980 que le projet de ''séparatisme'' tel que présenté en 1995.

Un autre conseil à l'équipe de PSPP. Et si un gouvernement péquiste soutenait le gouvernent albertain à faire le même exercice pour d'une part éviter la mobilisation de toutes les forces fédéralistes contre le Québec et d'une autre, forcer la création d'un nouveau modèle canadien? Il y a déjà si peu de liens entre les provinces, peut-être pourrions-nous créer une union pancanadienne sur le modèle de l'union européenne?

Tant d'idées à développer, mais étant déjà en retard sur la livraison de mon texte, je vous laisserai le souci, chers lecteurs, d'y réfléchir autour d'un bon feu de camp cet été.