Nos cousins les arbres
Preuve de leur importance fondamentale, on parle d'arbre de l'évolution pour illustrer l'évolution des espèces. Il y a peu d'espèces aussi éloignées de l'humain que les végétaux. Essentiellement, nous avons pour seul trait commun le fait que nos cellules possèdent un noyau. Même les mystérieux champignons, qu'ils soient magiques ou non, sont plus proches dans notre parenté terrienne.
Et pourtant comme les végétaux m'inspirent! Il n'y a rien de plus pur que la vie d'un arbre. La plante grandit en fonction de son environnement en sachant instantanément ce qui est bénéfique et en l'obtenant sans la moindre forme de conscience ou d'instinct. Prenez la plus banale des plantes d'intérieur et déplacez-la quelque peu. Quelques jours plus tard, ses branches et ses feuilles auront changé d'angle pour profiter pleinement des rayons du soleil.
Les forêts quant à elles expriment des histoires complexes et passionnantes. Avant même de couper l'arbre pour le transformer en papier à livre, chaque arbre de la forêt raconte à qui veut l'entendre l'histoire de sa vie.
Le changement d'exposition à la lumière qui affecte sa croissance et le fait prendre des tangentes étonnantes, les carences dans son sol qui changent l'aspect de son feuillage ou de son bois ou encore les modifications faîtes par l'homme à son environnement.
Il y a chez l'animal une petite portion de cette pureté qui nous provient du tréfonds des millénaires de l'évolution. On la perçoit facilement au fond de l'œil de nos animaux de compagnie, mais contrairement à ceux-ci aucune discussion n'est possible avec les végétaux et leur nature profonde nous demeure mystérieuse.
Du chien à l'homme en passant par l'érable et le champignon, nous partageons toutefois la même faiblesse face aux changements climatiques. L'arbre ne peut pas prendre ses racines à son cou pour y échapper et l'Homme est bien souvent trop enraciné dans ses souvenirs, son hypothèque ou son arrogance pour s'éloigner des zones à risque de catastrophe naturelle.
Cet été, avec les épisodes records de précipitation, nous nous sommes mis à craindre la pluie de la même manière que les Anciens craignaient les éléments. Pourvu que Toutatis ne nous tombe pas sur la tête disaient les Gaulois et pourtant il s'est déchaîné dans certaines régions du Québec.
Longtemps, j'ai été pessimiste sur la capacité de nos sociétés de consommation à faire face aux changements climatiques et peu à peu, j'ai changé d'idée.
Les catastrophes naturelles ont un pouvoir énorme pour faire chambouler les sociétés. Bien avant la manifestation des changements climatiques, les gens de Saint-Jean-Vianney en ont fait la bien malheureuse expérience en 1971. Des vies brisées par un événement naturel, peut-être la première d'une telle envergure dans l'histoire du Québec moderne.
Et ces drames, au Québec du moins, inspirent bien souvent des changements de priorités après la poussière retombée et les débris ramassés. Avec toutes ces routes détruites par de simples averses - on ne parle pas ici de feux de forêts ou de tempête tropicale -, la lutte aux changements climatiques passe d'un vœu pieu à un enjeu de sécurité publique. Et cette tangente est la même partout, même la plupart des pays émergents mettent en place des mesures pour diminuer leur impact environnemental.
Mais ce sera le siècle le plus long. Avant que les efforts de chaque pays apportent des effets concrets, les conséquences du dérèglement climatique s'intensifieront et les catastrophes aussi malheureusement. Il faudra s'inspirer de nos cousins éloignés, les arbres, pour s'adapter aux années à venir et savoir tirer le meilleur de ce qui surviendra.